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Dans nos maisons traditionnelles, la chambre aux provisions se nommait « beit el mouna » et jouait un rôle essentiel dans l’économie domestique.
Le nom de cette pièce où étaient entreposés les provisions les plus diverses provient du verbe arabe « mawana » qui signifie « pourvoir », « ravitailler », « s’approvisionner ».
Selon l’importance des maisonnées, le « beit el mouna » peut comprendre une ou plusieurs pièces voire constituer un appartement à part entière.
Cette chambre aux provisions peut se trouver aussi bien à l’entrée des demeures bourgeoises que dans les dépendances consacrées au travail domestique.
Ainsi, dans certaines demeures patriciennes, on peut trouver ces réminiscences d’un autre temps qui ont pour nom « beit el saboun » pour la buanderie, « beit el khobz » pour le lieu où l’on pétrit et travaille le pain ou encore « beit el fham » pour le lieu de stockage du charbon.
La chambre aux provisions rassemble aussi bien les produits alimentaires que les ustensiles dont l’usage n’est pas quotidien.
De la sorte, on trouvera dans cette chambre des sacs de grains constituant les provisions de blé et de semoule ainsi que des provisions de légumineuses allant des pois chiches en passant par les lentilles, les herbes séchées ou les olives.
On trouve aussi dans le « beit el mouna » les provisions d’huile de la famille qui sont conservées dans des jarres et des récipients plus petits.
Toutefois, l’essentiel des provisions qui sont entreposées dans cette dépendance des maisons traditionnelles sont le produit du travail des femmes. On y trouve ainsi couscous et mhamssa, kadid et merguez, borghol et frick, torchi et mellah, olives et tomates séchées.
Les épices trouvent aussi leur place dans cette chambre aux provisions ainsi que tous les condiments, à commencer par les guirlandes de piments séchés, les gousses d’ail et les bottes de « naanaa », la menthe séchée.
Véritable épicerie à domicile, la chambre aux provisions devait avoir des allures de supermarché domestique avec tous les produits d’usage courant ou plus rare.
Tous ces produits étaient soigneusement conservés dans des « khabias » en poterie, généralement fabriquées à Djerba pour les plus grandes et à Nabeul pour les plus petites. Pour puiser dans les grandes jarres, on utilisait la « galba », une louche rudimentaire.
Avec les jarres, des boîtes de fer blanc permettaient aussi de conserver les provisions. Nommées « qazdria », ces boites meublaient l’espace avec des bocaux en verre et des sacs en toile de jute.
Dans « beit el mouna », on gardait aussi les ustensiles dont on ne se servait pas sur une base quotidienne. Par exemple, les batteries de grosses marmites, les « tanjra » d’antann, étaient ici entreposées.
On trouvait aussi dans cette pièce essentielle dans chaque maisonnée, les services à couscous, autrement dit le « maqfoul » et le « keskes » qu’on ressortait pour les repas de fêtes. On trouvait aussi les vastes plateaux nommés « sinia » qu’on utilisait pour la confection des baklawas. De différentes tailles, les « kassaas » étaient aussi gardées dans cet espace en attendant une opportunité de s’en servir.
Véritable grotte d’Ali Baba, cette chambre aux provisions n’a plus véritablement cours aujourd’hui, même si dans certaines régions de tradition agricole, elle reste toujours en usage.
L’évoquer nous ramène au souvenir des Ommi Founa, Ommek Sanafa, Ommi Traki, Hnani et Aicha Kadra et tous ces personnages féminins du temps jadis…
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Très bel article qui me ramène à ma petite enfance , du temps où ma grand mère et ma maman préparaient de grandes jarres d’olives et de légumes dans de la saumure , du temps où nous allions justement chercher l’huile d’olive chez de petits agriculteurs dans les campagnes
Oui, ce fut un temps que beaucoup ne connaissent pas mais qui reste ancré chez les plus anciens
Bonjour j’ai connu une Mme Micallef habitant la ville de Rades banlieue Sud de Tunis et ce aux années 54/60
Ya hasra