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La citronnade est par excellence la boisson de l’été. À la fois rafraîchissante et tonifiante, ce « soft drink » à base de citron et de sucre est la plus prisée que ce soit dans nos fêtes (Aïd al-Adha ou Aïd el-Fitr) et célébrations (baccalauréat, mariages, fiançailles, circoncision, etc) ou dans les salons de thé et les cafés. Elle est, généralement, savourée avec un succulent Croquant aux amandes ou un morceau de « Boulou » (un gâteau tunisien).
En Tunisie, plusieurs adresses ont toujours été réputées par une citronnade très goûteuse. On cite par exemple Naouri (Rue de Marseille et au coin du passage à Tunis), Chez Mohamed Boukaouana (rue Mokhtar Attaya à Tunis), Sahbi Boughzela (Avenue Habib Thameur à Nabeul), « Khayrat Nabel » de Jamel Kacem (avenue Habib Bourguiba à Nabeul), Chez Pascal (Sousse), etc…
Après avoir débarrassé l’écorce de son essence, le jus, le zeste et le pulpe sont mixés et filtrés, par la suite mélangés avec du sucre en semoule (à froid ou à feu doux) sans oublié l’ajout de sachets de sucre vanilliné ou de l’extrait de vanille.
Si la citronnade est une boisson nos gazeuse, en revanche, sa concentration en sucre sème la discorde. En générale, pour neutraliser l’acidité et l’amertume du citron, « 600 g de sucre (voire plus) sont utilisés pour 5 litres de citronnade », selon Sahbi Boughzela, un spécialiste en citronnade, soit une concentration de 120 g par litre (12 g par 10 cl) S.V.P. !
Sachons qu’un morceau de sucre de calibre 4 contient près de 6 g de sucre (5,95 grammes). Donc avec un simple calcul, un verre de 33 cl de citronnade contient en moyenne 39.6 g, c’est-à-dire, soit près de 8 morceaux de sucre (plus précisément « 7.92 »: une concentration de sucre nettement supérieure à celle de la canette de 33 cl de Coca-Cola qui contient 35 g de sucre, soit 7 morceaux). Ainsi, on ne parle plus de citronnade, mais plutôt de « sucrenade » !
Il reste à signaler que selon un volumineux rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les effets préventifs de l’alimentation en matière de maladies chroniques en 2003 (1,2), les sucres libres (sucres ajoutés et jus de fruits) ne doivent pas dépasser les 10 % des calories quotidiennes. Donc pour une alimentation fournissant 2 000 calories, cela représente 200 calories, soit l’équivalent de 50 g de sucre, ou 10 morceaux de sucre de calibre 4.
Cette utilisation excessive du sucre dans nos citronnades peut expliquer les chiffres alarmants concernant la prévalence du diabète en Tunisie. Ces statistiques évoquent, en effet, 1 million de Tunisiens atteints du diabète.
« Les tunisiens sont touchés à 15 ou 20 ans, maintenant, au lieu de 40 ans (…). La Tunisie est la plus touchée en Afrique du nord, devant l’Algérie et le Maroc. Seulement 2% de la population tunisienne était atteinte dans les années 70, alors qu’on parle de 10% actuellement. Plus inquiétant ? Une personne sur deux n’est pas au courant de sa maladie », affirme Pr. Koussay Elleuch sur le site « Pas à pas contre le diabète ».
À en croire le rapport de l’OMS publié en 2016 (3), 12,2% de la population tunisienne sont atteints de diabète. Toujours d’après cette étude, le diabète aurait provoqué directement ou indirectement le décès de 2.890 personnes, dont 1000 cas âgés entre 30 et 69 ans et 1.890 cas âgés de plus de 70 ans.
En revanche, le nombre de décès dû à une hyperglycémie (au-dessus de 1,2 gramme de sucre par litre de sang) est assez alarmant. En effet, l’OMS parle de 5.570 cas de décès enregistrés dans nos contrées.
Toujours d’après l’agence onusienne basée à Genève, les causes principales du diabète en Tunisie sont en premier lieu, le surpoids (62,8% des cas), ensuite, l’obésité (27,1%).
Bref, comme on dit, vous vous coucheriez moins niaiseux ce soir !
1 – Organisation mondiale de la Santé. L’OMS et la FAO publient un rapport d’experts indépendants sur l’alimentation et les maladies chroniques, 3 mars 2003. [Consulté le 15 septembre 2005] www.who.int
2 – Organisation mondiale de la santé (OMS). Diet, nutrition and the prevention of chronic diseases: report of a joint WHO/FAO expert consultation, 2003, pages 54 à 70. WHO technical report series; 916 [Consulté le 15 septembre 2005] www.who.int
3- Rapport mondial sur le diabète – Organisation mondiale de la santé (2016)
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