Crédit photo: Anis KALAI – © mangeonsbien.com
La région du Grand-Tunis (gouvernorats de l’Ariana, de Ben Arous, de la Manouba et de Tunis) est incontestablement le plus important vivier du patrimoine culinaire tunisien avec plusieurs adresses et tables de renommée à l’instar de Tchevap (Carthage), Dar El Jeld, Le Golfe (La Marsa), Dar Slah, El Walima, El Ali, Fondouk El Attarine, Chez nous, El Abed, Chez Slah, La salle à manger, Dar Belhadj, les restaurants de la Goulette, Le Zink et ses burgers gastronomiques, etc…
Et il n’y a pas que les restaurants dans le Grand-Tunis.
Outre la magie du marché central de Tunis, on ne compte plus le nombre des pâtisseries mythiques aux saveurs d’antan (David Naouri, Garza, Boukaouana, De Carlo, La Parisienne, etc.), les artisans pastiers (Raviolis Mongelli), les épiceries fines (La Cacciola d’Omar Lasram au Kram avec sa boutargue et son lablabi dominical), les fromagers (La Sénia Tarenti), la boulangerie Memmi et sa fameuse pizza, le Café du Grand Théâtre, et bien d’autres adresses.
Malheureusement, pendant que Marrakech est la destination gastronomique numéro un au Maroc, selon le classement TripAdvisor, en Tunisie, les efforts pour promouvoir la région du Grand-Tunis dans ce volet flirtent avec le zéro du Khawarezmi.
Il faut dire que malgré l’indifférence totale du ministère du tourisme et l’immobilisme de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), les restaurateurs, les artisans, les Médias (journalistes et critiques culinaires) ou les blogueurs ainsi que les associations des métiers de bouche, à l’image de l’Association tunisienne des professionnels de l’art culinaire (ATPAC), ne ratent pas une occasion pour promouvoir le patrimoine gastronomique et le savoir-faire tunisiens. Mais ça reste insuffisant !
La région de l’Île-de-France comme exemple !
Prenons l’exemple de la région de l’Île-de-France, qui englobe Paris. Sa présidente Valérie Pécresse vient de lancer, aujourd’hui (le 28 mars 2019), un « parcours de la gastronomie », destiné à mettre en valeur les produits culinaires régionaux.
Ce parcours devrait « être une vitrine internationale du patrimoine culinaire », « permettre aux touristes de découvrir la gastronomie francilienne », et « renforcer l’attractivité de la région », souligne la conseillère régionale et chef cuisinière Babette de Rozières, qui porte le projet depuis plus de trois ans, dans une dépêche de l’Agence France-Presse (AFP).
Au total, six « sites structurants » ont signé, ce matin, la « Charte de la gastronomie en Île-de-France » et devraient de facto intégrer ce parcours dans leurs activités: l’Hôtel de la Marine à Paris, la Halle gourmande de Saint-Ouen, l’ancienne Poste face au Château de Versailles, la Cité du goût (ancienne chocolaterie de Nestlé) à Noisiel, le musée du fromage de Coulommiers et le Pavillon France de l’Exposition de Milan, à Tremblay-en-France près de Roissy.
Et les professionnels de métiers de bouche (les candidats) sont appelés à mettre en place des circuits par thème, des événements gastronomiques et des ateliers.
Cependant, les candidats « devront être labélisés par un comité composé de 15 personnalités qualifiées », a précisé Babette de Rozières, chargée également de mettre en place la Cité de la gastronomie qui doit voir le jour à Rungis en 2025.
« Un élément du patrimoine culturel immatériel », selon l’OMT
Il reste à rappeler que lors de la quatrième édition du Forum mondial de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT ) sur le tourisme de gastronomie, qui s’est tenue à Bangkok (Thaïlande), du 30 mai au 1er juin 2018, les 600 participants de 52 pays étaient tous unanimes sur l’importance du volet gastronomique.
« La gastronomie est une motivation importante pour les touristes au moment de choisir une destination. Toutefois, le potentiel du tourisme de gastronomie reste encore à exploiter en tant qu’élément du patrimoine culturel immatériel », a déclaré le Secrétaire général de l’OMT, Zurab Pololikashvili .
D’ailleurs, le Forum mondial de l’OMT sur le tourisme de gastronomie vise à promouvoir les idées novatrices propres à contribuer au développement du tourisme de gastronomie partout dans le monde.
En effet, les idées présentées lors des éditions précédentes du Forum ont toujours été centrées sur le développement durable et la mise au point de nouveaux produits de tourisme de gastronomie.
« Le tourisme de gastronomie doit s’emparer de la technologie pour parler des gens et des lieux et, partant, préserver et promouvoir l’authenticité locale », a ajouté M. Pololokashvili.
Enfin, l’édition 2019 du Forum mondial de l’OMT sur le tourisme de gastronomie se tiendra à Saint-Sébastien (Espagne) et l’édition 2020 en Flandre (Belgique).
Alors à quand un parcours de la gastronomie dans la région du Grand-Tunis? Et pourquoi pas dans d’autres régions tunisiens tels que le Cap Bon (Nabeul et son harissa ainsi que son eau de fleur d’oranger, Menzel Bouzalfa et ses agrumes, Zaghouan et son kaâk warka au « nesri » (églantier) ou bien Soliman et ses gross), le Sahel (Sousse et sa dernière pâtisserie cacher, « Chez Pascal », ou Mahdia avec ses bricks, sa makhsa et sa bondleka, etc), le Nord-Ouest (le Kef avec son borzguène, Béjà avec ses ghrayef et ses mkharek, Djebba et ses figues « Bouhouli », Testour et ses délices andalous etc), l’extrême-Nord (Bizerte avec son sandwich lablabi et sa rechta hloua), le Sud-Ouest (Tozeur et ses dattes, Gafsa et sa cuisine, etc.), Sfax son couscous aux poissons et ses pâtisseries, le Centre (Kairouan avec son maqroudh, son pain rustique et son fameux keftaji) ou le Sud-Est (l’Île de Djerba et la cuisine de sa communauté judéo-tunisienne: Ishak ou Youna)?