Crédit photo: © AFP – Oliver BUNIC
Quatre cent vingt mètres sous la petite ville de Bor (est), des hommes en casque de chantier se retrouvent dans un établissement souterrain, creusé à même les parois d’une mine de cuivre en activité, et célèbrent l’amour des Serbes pour le café.
Connu sous le nom de « The Pit » (Le Puits), l’établissement ressemble à une grotte aux murs en terre grossièrement taillés. Sur ses longues tables en bois, les mineurs et leurs visiteurs peuvent siroter des boissons chaudes et fumer des cigarettes au cœur de RTB Bor, la plus grande mine de cuivre de Serbie.
Le café a ouvert en 2012 pour permettre aux familles et aux touristes de tisser des liens avec les mineurs et de mieux comprendre leur travail.
« Nous voulions que tous ceux qui étaient intéressés et n’étaient jamais descendus dans la mine puissent voir et sentir à quoi elle ressemble », explique Gorica Toncev Vasilic, chargée des relations publiques de la mine. « Au-dessus et en dessous de ce café, des mineurs travaillent. La production est toujours la priorité », ajoute-t-elle.
Bien que les habitants de Bor dépendent économiquement de la mine depuis très longtemps, plus de 95% d’entre eux n’y étaient jamais entrés.
Depuis 2012, plus de 5.000 visiteurs sont descendus dans les profondeurs pour une bonne tasse de café gratuite, dont des visiteurs étrangers et des célébrités locales.
Les mineurs accueillent ces visiteurs à bras ouverts mais font valoir que les conditions dans la mine y sont très différentes du fait de l’humidité, de la poussière et de l’obscurité.
« Ici-bas, c’est totalement différent », témoigne auprès de l’AFP Nemanja Radoicic, qui travaille à la mine depuis cinq ans. « Il fait vraiment sombre ici, et le risque d’être blessé par une chute de rocher dû à une explosion est constant », explique-t-il.
Un panneau « Bonne chance » est accroché dans l’ascenseur qui emmène les mineurs sur leur lieu de travail.
Outre le danger quotidien sous terre, la mine de cuivre est frappée par des difficultés financières depuis quelques années.
Jadis l’un des piliers du secteur industriel, avant l’éclatement de la Yougoslavie, le conglomérat RTB Bor a pâti d’une mauvaise gestion et des sanctions internationales infligées durant les années 90 au régime de Slobodan Milosevic.
En raison d’un manque d’investissement et d’une technologie obsolète, la production annuelle de cuivre de RTB Bor a chuté à moins de 40.000 tonnes en 2005, comparé à plus de 170.000 tonnes avant 2000.
Après plusieurs tentatives de privatisation ces dernières années, la Serbie a scellé fin août un accord avec le groupe minier chinois Zijin, qui contrôlera 63% du conglomérat.
Le groupe chinois s’est engagé à investir 1,26 milliard de dollars, notamment pour conserver les 5.000 emplois, mais les mineurs ne savent toutefois pas encore si leur quotidien va changer et comment.
« Travailler ici-bas, c’est +gagner le pain aux sept croûtes+ tellement il est difficile d’y gagner de l’argent », explique M. Radoicic, utilisant l’expression serbe pour « pain durement gagné ».