Source photo: Loan is in the kitchen
S’il y a un conte de fée à raconter en ce début de l’année, ça serait l’histoire du libanais Alan Geaam, qui comme le maghrébin Abdelkader Belfatmi, vient de décrocher son premier macaron au Guide Michelin France 2018. Autodidacte et sans diplômes, rien ne prédestinait ce quadragénaire (42 ans pour être précis-ndlr) à devenir un jour un chef étoilé.
S’il est né en 1975 à Monrovia (Libéria), Alan a, par contre, vécut l’essentiel de son enfance et de son adolescence dans la banlieue de Tripoli (au nord du Liban) sous les bombardements de la guerre civile libanaise (un conflit qui a ravagé le pays des Cèdres, du au

les b.a.-ba de la gastronomie française à travers le petit écrin en suivant attentivement les émissions TV de Paul Bocuse et Joël Robuchon.
« Ce sont eux qui m’ont donné envie, confie-t-il, avec ma mère toujours très généreuse dans sa cuisine et soucieuse de faire plaisir aux autres. », confie-t-il à Ségolène Allemandou, sur le site de France 24. « Le matin, j’étais toujours réveillé très tôt, soit par les bombardements de la guerre civile, soit par les casseroles de ma mère », ajoute-il.
À l’âge de 24, le jeune Alan prit ses cliques et claques et décida d’émigrer en France pour poursuivre son rêve: devenir un chef cuisinier. Il débarqua à Paris, le 2 mars 1999, « avec 200 francs (30 euros) en poche » et sans guide ni boussole.

Dans la Ville Lumière, la passion du Christ de ce jeune libanais débuta dès sa première semaine. Sans formation, l’univers des SDF l’accueilla à bras ouverts en dormant dans la rue, avant d’enchaîner les petits boulots les uns après les autres: ouvrier sur un chantier, livreur de pizza et plongeur dans les bistrots de la rive gauche de la Seine.
Le destin d’Alan bascule quand il intègra le restaurant « Le Totem », place Trocadéro à Paris comme commis, pour gravir les échelons et devenir aide cuisiner.
« Un jour, le chef s’est blessé. Il y avait 14 personnes dans le restaurant. J’ai pris (les commandes) », confie-t-il sur les ondes de RTL.
Mais avec un niveau de français qui laisse à désirer, son évolution professionnelle stagna. Comme son idole l’ex-footballeur international et actuel chef d’État libérien, George Weah, lui aussi natif de Monrovia, Alan ne baissa pas les bras et poursuivit son rêve avec autant de détermination. Il s’inscriva dans des cours de français gratuit à la Mairie de Paris et les livres de cuisine française l’aidèrent dans son apprentissage de la langue d’Auguste Escoffier.
Après avoir roulé sa bosse au « Mauzac » et au « Square » et effectué des piges à Prague, à Milan et aux États-Unis, son expérience lui permetta, en 2007, de diriger « L’Auberge Nicolas Flamel ». Sept ans plus tard, il s’affirma davantage dans le milieu en lançant, en 2014, tel un grand, sa propre signature via les bistrots « AG des Halles » et « AG Saint-Germain-des-Prés ».

Mais le self-made-man libanais visait grand. Il y a dix mois, il mit fin à l’aventure bistronomique en vendant ses deux locaux pour lancer en orbite sa table gastronomique Alan Geaam dans le XVIe arrondissement de Paris, succédant, ainsi, au restaurant « Akrame » du chef Benallal, qui avait décroché deux étoiles Michelin: un signe du destin !
Sa cuisine fusion, qui marie les saveurs d’une cuisine libanaise modernisée au raffinement de la gastronomie française, finit par séduire les inspecteurs du guide rouge pour décrocher, enfin, avant-hier, son premier macaron sous l’ovation de ses pairs, lors de l’annonce des étoilés de l’édition 2018 du guide Michelin, dans l’auditoire de la Seine musicale de Boulogne-Billancourt. Chapeau bas chef Alan Geaam !
Articles dans le même thème:
Guide Michelin 2018: le chef Abdelkader Belfatmi fait honneur au Maghreb – Par Hanene MABROUK
Pingback: Chamseddine Ben Nasr : un chef tunisien 2 fois étoilé au Guide Michelin Allemagne - Mangeons bien
Pingback: Le « Mama ganoush » d’Alan Geaam : caviar de chou-fleur en 2 textures