Crédits photo: Anis KALAI – Copyright © mangeonsbien.com
À Nabeul, qui dit Harissa traditionnelle, dit Rafik Jazi. On vous propose, aujourd’hui, le portrait de cet artisan des saveurs, connu aussi sous le sobriquet de « Khlila* » (en hommage à sa grand-mère paternelle, Nessria Bekir-Khlil, que la célèbre chanteuse tunisienne Saliha lui a dédié sa chanson « Ah Ya Khlila » – « آه يا خليلة »).
Il suffit de visiter la ville de Nabeul et de poser la question suivante: « Où peut-on trouver la meilleure Harissa traditionnelle? ». Tout le monde vous dira que le must des harissas se trouve, chez « Khlila », juste en face du mausolée du Marabout Sidi Maâouia, à l’avenue Habib Thameur.
Ouverte depuis 1990, la boutique de la famille Jazi est une véritable caverne d’Ali Baba où on trouve du tout: saumures (olives, variantes, câpres, citron confit, anchois, etc…), épices, fruits secs, conserves (thon, harissa, tomates, sardines, ananas, halva, etc…), féculents, « bsissa », sorgho, miel, café, ail, caroube, condiments, couscous, bourghol, « mhamass », « tchich », « chriha » (figues séchés), « Harisset mayou », maïs, graines, noix de muscade, gingembre, châtaignes, étoiles de Badiane, guirlandes de piment séché, etc…
L’Harissa chez les « Jazi »: une histoire de famille
Mais le produit phare chez les Jazi (Rafik, son frère Mohamed ainsi que leurs fils Sofiane & Hamza) est incontestablement leur « Harissa » traditionnelle dont la recette est un héritage familial.
« Tout a commencé avec « Hbibti » (ma grand-mère paternelle) Nessria Bekir-Khlil, connue sous le sobriquet de « Khlila » et réputée pour son Harissa fait-maison. D’ailleurs, on raconte que la grande chanteuse tunisienne Saliha lui a dédié la chanson « Ah Ya Khlila » en hommage à sa beauté après l’avoir rencontré lors d’un mariage à Nabeul. Son savoir-faire a été, par la suite, transmis, à sa belle fille qui est aussi sa nièce: ma mère Saïda Khlil-Jazi, alias « Jazia* ». », souligne Rafik Jazi.
Après le décès de « Jazia » et tels des gardiens du temple, les Jazi continuent de perpétuer religieusement cette tradition familiale en proposant à leurs clients une Harissa au goût unique que tout le monde s’arrache.
« Nous avons des clients qui résident aux États-Unis et en Europe. Et chaque été, ils viennent s’approvisionner en Harissa de chez nous. Nous avons aussi des clients qui viennent d’un peu partout de la Tunisie et surtout de Tunis. », ajoute-t-il.
Outre l’Harissa, entre le mois d’Avril et le début du mois de Juin, c’est « Harisset mayou » (principal ingédient d’« ojjet mayou ») qui fait fureur chez les Jazi.
Voilà une adresse à ne manquer si vous êtes de passage à Nabeul !
Rafik nous dévoile le secret de sa famille
Pour 45 kg d’Harissa traditionnelle, les Jazi utilisent ces ingrédients avec les proportions suivantes:
- 25 kg de piments rouges forts
- 10 kg d’ail épluché (au minimum)
- 4 kg de coriandre
- 2 kg de carvi
- 1 kg de sel
- 3 l d’huile d’olive
* Pourquoi Khlila & Jazia avec un « a »?: À Nabeul et à l’image de la Russie et de quelques pays satellites de l’ex-URSS (Bulgarie, Moldavie, Pologne, etc…), la plupart des noms de famille possèdent une forme masculine et une forme féminine. Ainsi, on ajoute un « a » à la fin de chaque nom de famille pour distinguer un femme d’un homme. Ex: « Khlila » pour Khlil, « Gastlia » pour Gastli, « Jazia » pour Jazi, « Chellia » pour « Chelli », « Bahrouna » pour Bahroun, « Halia » pour Hali, « Kerkennia » pour Kerkenni, « Khayatia » pour « Khayati, etc…
Pour les curieux:
- Adresse: Avenue Habib Thameur, juste à côté de la Boulangerie et la Pâtisserie « Al-Halwani » (ex-Canari)
- Tél: (+216) 22-90-70-70
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Bravo pour cet article bien documenté et qui fait le lien entre la gastronomie et la sociologie. Ceci dit, il y a un grand absent dans cet article, car qui dit Harrissa dit forcément le fameux Cham3oun qui vendait sa Harrissa chez lui, une vielle maison au Souk, à la sortie de Skak Lemssetra juste à côté de Bata. Je me rappelle tout petit ma mère m’envoyait acheter la fameuse Harrissa et me recommandait de ne la prendre que chez lui. Il faudrai lui rendre hommage un de ces jours.
P.S : j’ai juste un doute sur le nom
Monsieur Elyès,
Merci pour le compliment.
Sinon, dans le cas présent, il s’agit d’un portrait de Rafik Jazi, alias « Khlila » et non pas d’un article retraçant l’histoire de l’Harissa nabeulienne et ses icônes (Roger, Darmoul et autres…).
En tout cas, le Web Magazine « Mangeons bien » vous ouvre ses portes pour publier une tribune sur « Chamôun » si vous le souhaitez.
Cordialement
Bonjour j’aimerais savoir si vous livrez à l’étranger particulièrement en France ?
Merci d’avance pour votre réponse
Cordialement