Par Alastair HIMMER – © Jun Tsukida/AFLO
Des oeufs de lieu noir, des poissons frits, un oeuf et du riz: voilà la formule magique du talonneur Takuya Kitade, artisan dans l’ombre de la qualification du Japon en quart de finale de la Coupe du monde, sans avoir joué une minute.
A quelques jours d’affronter l’Afrique du Sud en quart, dimanche pour le remake de la victoire historique de 2015 (34-32), les « Brave Blossoms » révèlent le côté obscur de leur réussite: le « Kitade Bowl ». Bien loin des petites douceurs que sont les sushis, en voici la recette, autant explosive que le rugby japonais.
« En gros c’est une petite recette que j’ai faite en mettant ensemble tous les ingrédients que j’ai trouvés dans la cuisine: des feuilles de moutarde, des rogues de lieu noir (soit des ovaires pleins d’oeufs, spécialité de la cuisine japonaise, ndlr), de la friture de petits poissons et des oignons, avec un oeuf. Et pour la sauce, un peu d’huile de sésame ».
Comme toute bonne recette qui se respecte, le Kitade Bowl part d’une fringale:
« J’avais juste un petit creux après le match des Samoa (victoire 38-19 le 5 octobre) alors j’ai tout jeté dans la mêlée », explique le première ligne de 102 kg pour 1,80 m.
« Sur le coup, les autres joueurs se demandaient ce que je faisais, maintenant 70% d’entre eux mangent ma recette ! », rigole le joueur des Sunwolves de Tokyo.
– Après Brighton, Tokyo ? –
Est-ce en référence à ces trouvailles gustatives que le capitaine Michael Leitch évoquait récemment le « côté obscur » du rugby japonais?
« Leitch parlait du côté obscur de la nature humaine », commente Kitade, ajoutant: « nous devons être prêts à en découdre contre nos adversaires et être un peu vilains de temps en temps ».
Et si le Japon a fini premier de son groupe après un sans-faute contre la Russie, l’Irlande, les Samoa et l’Écosse, ce sont, plus que les rogues de colin, l’esprit de groupe et la solidarité qui l’ont permis.
« Nous avons atteint notre objectif en se comportant en équipe », explique Kitade, qui a pu admirer aux premières loges le jeu vif et précis de ses coéquipiers.
Ces ingrédients devront obligatoirement être mis dans la marmite du Tokyo Stadium, ce week-end contre l’Afrique du Sud, pour rééditer le « miracle de Brighton » de la Coupe du monde anglaise il y a quatre ans, quand les Nippons avaient battu les Springboks à la surprise générale (34-32).
Obligatoires aussi pour éviter de retomber comme un soufflé, comme lors de la défaite en match test à Kumagaya, dans le centre de l’archipel nippon le mois dernier, contre ces mêmes Springboks (41-7).
Le talonneur et cordon bleu revient sur ce faux-pas:
« Ils nous ont fait sortir de notre plan de jeu la dernière fois. Mais cette-fois, si on s’y tient, on peut accomplir un autre gros coup ».