À Hammamet, le marché de Noël fait son baptême

Crédit photo: Hanene MABROUK – © Copyright mangeonsbien.com

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Chorizo, foie gras, vin chaud, fromages français, « Christstollen », gâteaux au pain d’épices, cakes salés, biscuits et confitures traditionnels se sont faits une place avec les couronnes de Noël, les articles décoratifs, les produits cosmétiques, les broderies, les livres et les toiles de peinture sur les étals du marché de l’Avent de la cité des citronniers. Reportage. 

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La Tunisie, cet havre de paix, reste un pays de tolérance où les trois religions monothéistes peuvent coexister et cohabiter. La confirmation nous vient tout droit de la ville de Hammamet où, le samedi 10 décembre, la section cap-bonaise de l’Association « Français du monde-ADFE » (association démocratique des Français à l’étranger) a organisé, dans une ambiance bon enfant, pour la première fois le marché de Noël dans les locaux de l’unité hôtelière « La Résidence ».

 

 

Or qui dit marché de Noël, dit essentiellement, produits de terroirs et délices du palais. Le Magazine ‘mangeons bien’ s’est déplacé sur les lieux pour vos faire découvrir la magie d’un événement certes commercial, mais aussi chargé d’histoire et de convivialité.

Aux origines d’un phénomène

En effet, le phénomène des marchés de Noël ne date pas d’hier. Si ce genre de rassemblement festif et culinaire fleurit chaque année dans tous les pays de l’Europe, durant la période de l’Avent (quelques semaines précédant Noël, quatre dans la tradition de l’Église latine-ndlr), du point de vue historique, l’Allemagne et la région de l’Alsace (depuis 1570 à Strasbourg et qui a été longtemps le seul en France-ndlr) restent le fief de cette tradition où l’on célébrait Saint-Martin le 11 novembre, jusqu’à ce qu’on l’oublie pour préférer Saint-Nicolas, puis devenir le « Christkindel », qui est célébré chaque année entre la nuit du 5 au 6 décembre. Puis la tradition s’est propagée dans les pays de l’Europe centrale pour se généraliser dans toutes les contrées européennes et notamment la France.

 

 

D’ailleurs, au pays d’Angela Merkel, le marché de Noël s’appelle le ‘Christkindlesmarkt’ (le plus célèbre, celui de Nüremberg) alors qu’en Alsace on parle plutôt de ‘Christkindelsmärik’, le nom donné en dialecte alsacien et qui signifie « le marché de l’enfant de Jésus ».

 

 

En se basant sur le plus ancien document trouvé jusqu’à ce jour, l’ancêtre des marchés de Noël, comme on le connaît aujourd’hui, a dressé ses étalages au XVe siècle et plus précisément en 1434 dans la ville allemande de Dresde.

 

 

Mais, pour comprendre davantage les origines de cet événement adoré des familles dans le vieux Continent, il faut voyager encore plus loin dans le temps et atterrir en Roumanie en s’imbibant de ses anciennes croyances païennes.

 

 

Plusieurs historiens, à l’instar du strasbourgeois, Guy Trendel ont, d’ailleurs, fait le rapprochement entre la déesse roumaine ‘Berchta’, adulée par plusieurs colons Alsaciens qui ont investi la région, et la future ‘Christkindel’ (l’enfant Jésus personnifié par une jeune fille toute de blanc vêtue et coiffée d’un voile, apparaît le soir de Noël-ndlr) chez l’église luthérienne pour les pays germanophones.

 

 

Suite aux grands bouleversements d’ordre religieux et confessionnels (entre le XVe et le XVIe siècle), les saints ont fini par tomber en disgrâce aux yeux des décideurs de l’époque. De ce fait, durant des décennies, ‘Frau Brechta’ a fini par prendre la place de Saint-Nicolas dans les festivités.

 

 

« Apparue au XVIe siècle, à l’origine Frau Berchta, également orthographié Perchta, était chargée d’accompagner les enfants mort-nés au ciel dans la nuit de Noël. Ce geste à l’égard des enfants s’est ensuite étendu à tous les enfants bien vivants. Ils sont récompensés par des cadeaux pour les féliciter pour leur bonne conduite et les bonnes actions qu’ils ont accomplies dans l’année. », lit-on dans l’article « D’où vient la tradition du marché de Noël? ».

 

Du Grand-Tunis à Hammamet

Aujourd’hui, à l’image du Halloween, le marché de Noël a fini par s’internationaliser et devenir une opportunité commerciale, un peu comme le personnage de Santa Claus (le père Noël, qui doit son image d’aujourd’hui à une publicité de Coca-Cola en 1931-ndlr). Ainsi, à la fin du XXe siècle, sous l’impulsion d’expatriés, la frénésie d’achats qui caractérise le marché de Noël a fini par refaire surface en Tunisie dans le Grand-Tunis (Tunis la capitale, La Marsa, etc.) et dresser enfin son chapiteau dans la cité de Hammamet.

 

 

Selon Mme Chantal Sarraïl, présidente de la section cap-bonaise de l’Association « Français du monde-ADFE » et organisatrice de l’événement, ça fait des années que la section de Tunis organise le marché de Noël, dont le dernier en date s’est déroulé le 20 novembre 2016 dans son siège, sis à l’avenue de La Liberté pas loin des locaux de la Radio tunisienne.

 

 

Certes, au Cap Bon, durant les fêtes de Noël, les coopérants étrangers avaient l’habitude d’organiser des kermesses en collaboration avec des associations locales où on pouvait acheter des produits de terroirs et des articles spécifiques aux fêtes de fin d’année.

 

 

Toujours, selon Mme. Sarraïl, les organisateurs ont voulu recréer l’ambiance du marché de Noël en France. Outre les produits de terroirs et alimentaires, les visiteurs de ce marché avaient l’occasion de savourer un large éventail de cadeaux à offrir: des livres, des tableaux, des cadres, des articles décoratifs, des faux-bijoux, etc.

 

 

Qu’ils soient d’art, d’artisanat ou de gastronomie, les produits vendus étaient tous de grande qualité, mais de loin, les stands dédiés aux produits de terroirs français, suisses et allemands étaient les attractions phares de ce marché typique.

 

« La Biche à Lait »: un voyage dans l’univers des fromages

Dans son stand, Pierre Tournier nous accueille avec les produits de sa fromagerie artisanale « La Biche à lait » qui siège à Akouda sur la route de Chott Romane.

 

 

Cet artisan français a la particularité de commercialiser une multitude de variétés de l’Hexagone.

« Ça fait un an que j’ai débuté l’aventure fromagère. En chèvre, nous fabriquons des fromages de type « cabécou » et en vache ce sont des types de « Saint-félicien », « Saint-marcellin », « Provolone piccante » et autres fromages aux poivres et au cumin. Nous produits ont l’identité des fromages du Lot, de l’Isère et le Sud de l’Italie. », fait savoir Pierre Tournier

Pour ce qui est des fromages au lait de chèvre (la spécialité de la Maison), les visiteurs ont pu savourer le « Lou Cabrol » (frais, demi-affiné et affiné), la « Buchette » (frais,, demi-affiné et affiné), la « Tome de chèvre » (affiné), le « Lou Cabrol cendré » (demi-affiné), la « Pyramide » (frais, demi-affiné et affiné).

 

 

En revanche, pour les variétés au lait de vache, le « Croquignol » (frais, demi-affiné et affiné), la « Carre » (existe seulement en affiné), le « Lou Picadou » (fromage roulé dans le poivre concassé et qui se décline en trois variétés: frais, demi-affiné et affiné), la « Brique » (demi-affiné et affiné), la « Tome de vache » (disponible seulement en affiné), la « Brique aux olives » (frais), la « Brique au cumin » (frais) et la « Brique au piment » (frais).

 

 

Outre les produits de terroirs français, cette fromagerie artisanale commercialise, également, un large spectre de fromages italiens: la « Mozarella », la « Mozarella boule », la « Ricotta », la « Burrata », le « Provola », une variété de « fromages blanches italiens » (nature, ail et persil, au piment, au poivre ou encore aux câpres), le « Vaccino », le « Râpé de Mozzarella » et un sachet de « Râpé 4 fromages ».

 

 

Toujours, selon M. Tournier, les produits de la fromagerie « La Biche à Lait » sont pour le moment commercialisés dans l’usine. Sinon pour sa participation au marché de Noël de Hammamet, l’artisan fromager pense que de tels événements permettent d’établir un « bon contact avec le consommateur ».

La page Facebook de « La Biche à Lait »

 

« Les gourmandises de Claudia »

Un peu plus loin, c’est la pâtissière artisanale, Claudia qui nous interpelle avec ses gâteaux suisses commercialisés sous le nom « Arc en ciel ».

« On m’appelle Madame Cake! Je fais tout ce qui est agrumes. Je profite de la renommée agrumicole du pays: citron, orange, pomelos (pamplemousses) et mandarines. Outre les gâteaux traditionnels, j’essaie de créer et de réinventer de nouvelles recettes salées à base de roquefort, pistache, curry, etc. », précise Claudia.

Outre ses gourmandises sucrées, Claudia est aussi un as des gratins (dauphinois, de saison, endives au jambon ou hachis parmentier).

 

 

L’univers des pâtes lui aussi familier comme en témoigner ses carbonara, ses lasagnes, ses cannellonis (viandes ou légumes)et ses bolognaises au saumon.
En tant que traiteur à la demande, elle prépare aussi des « Veloutés » aux légumes de saison et des soupes suisses aux légumes.

« Je prépare aussi les pains suisses qu’on appelle « tresses » ainsi plusieurs spécialités gastronomiques. Pour ce qui est du marché de Noël, je trouve que c’est une belle initiative qui change un peu le quotidien du tunisien. », renchérit-elle.

Dans son répertoire culinaire, on trouve aussi le célèbre « Tagine marocain » (au choix), la « Paëlla », « Tartes salées » (oignons/fromage, poireaux, saumon ou épinards) , « Quiches loraines » ,« Pizzas aux choix », « Tartelettes » (lardons/fromage, tomate/basilic, etc), « Ratatouille avec son riz », « Macédoine de légumes », « Les farcis »(viande OU légumes de saison), « Crevettes et poireaux à la noix de coco », « Rôti de poulet forestière », « Tripes à la mode de Caen ou provençale », « Ragoûts au lapin ou au boeuf », etc.

Page Facebook « arc en ciel- Les gourmandises de Claudia »

 

« Des Délices pour vos papilles » chez Anissa El-Ouni

Juste à côté de Claudia, l’étal d’une exposante tunisienne nous interpelle. Un sapin en pâtes brisées, des cakes sucrées-salées, des cookies salés et des assortiments de petits salés avec une très belle présentation interpelle les visiteurs.

« Ma spécialité c’est le salé ! Mes produits je les prépare avec beaucoup d’amour à base de produits frais et nobles (roquefort, chèvre, tomates séchées, chorizos, saumon, crevettes, foie gras, etc.) », souligne Anissa El-Ouni.

 

 

Si certains de ses salés sont inspirés de ce qui se trouve sur le marché de la pâtisserie et de la viennoiserie, cette jeune dame, enseignante et cordon bleu dans ses heures perdus, se permet d’apporter « sa petite touche personnelle » en jonglant avec les épices et le contraste sucré-salé.

Par exemple l’association du roquefort, de la noix et des poires dans l’un de ses cakes plonge nos papilles dans des terrains inconnus et loin des sentiers battus de la pâtisserie tunisienne.

 

 

« L’idée du marché de Noël est excellente. Ça permet de rassembler plusieurs artisans et nous offre l’opportunité de faire des connaissances. C’est une occasion pour faire connaître nos produits et nos créations », conclut-elle.

 

Page Facebook « Des Délices pour vos papilles »

 

Confitures et marmelades « Bleu Citron »

Pas loin de l’étal d’Anissa se trouve Viviane et ses confitures « Bleu Citron ». Parmi les produits phares, on cite ‘exceptionnelle « Confiture de Noël », un myriade de « chutneys » (figue, etc), une multitude de variétés de confitures (kiwi, goyaves, de la « Gelée Façon Vin Chaud », de la « marmelade de tomates » (au poires, aux pommes, etc), de la « Marmelade de piment rouge », de la « Gelée d’Hibiscus » et plein d’autres saveurs ainsi qu’un bel assortiment de « caramel beurre salé » (au noisettes, aux cacahuètes), etc… Un adresse où le métissage des goûts est bien réussi.

 

 

« On fabrique des confitures depuis quelques années déjà, des chutneys , des confits (orientons, etc.). Ce sont des recettes des recettes de grand-mères, sans additifs ni colorants. Notre image de marque est de faire des confitures un peu spéciales et de mélanger des goûts avec des épices. Par exemple, on fait une confiture aux prunes et aux piments ou aux poires et aux noix caramélisés », souligne Viviane.

 

Page Facebook « Bleu Citron »

 

« Chez Jean »: cuisine artisanale française en bocal

À côté du stand de Viviane, le restaurateur Patrick Jean avec ses bocaux remplis de plats. On pouvait lire sur les étiquettes de ses produits: « Soupe de poisson à la Marseillaise » (recette française), « Soupe paysanne aux légumes et canard (recette française) », « Blanquette de veau à la provençale » (recette française), « Langue de veau à la tomate » (recette tunisienne), « Ragoût d’agneau au citron » (recette tunisienne) et « Tajine d’agneau sucré-salé » (recette marocaine).

 

 

« Notre cuisine est réalisée à Hammamet. Pensée et produite par un chef français à base de bons produits locaux. Sans aucun conservateur ou additif. Le principe est d’offrir à notre clientèle des plats français, italiens, tunisiens et marocains prêt-à-porter. », déclare Patrick Jean.

Il reste à signaler que « la date de conservation des bocaux de « Chez Jean » est de 6 mois et à conserver sans l’ouvrir dans un lieu sec et frais. », lit-on sur les produits exposés.

 

« Malina’s Cakery » : des gâteux au goût du miel

Pour les amateurs des cookies au chocolat & cacahuètes salées, biscuits de Noël, cakes, dattes farcies & des paniers gourmands prêts à offrir, l’étal de « Malin’s Cakery » était le coin à visiter.

 

 

Haut en couleurs, l’étal de Malina’s Cakery s’est distingué aussi par sa large gamme de confitures et de palets aux citron, sablés pur beurre et une multitude de variétés de confitures et autres délices.

 

 

Page Facebook Malina’s Cakery

 

« Kuchenliebe »: le ‘Fait Maison’ de Britta Djemour

Enfin, le tour du marché de Noël s’achève devant l’étal « Kuchenliebe » (amour de gâteaux en français) de Mme. Britta Djemour, une allemande naturalisée tunisienne qui adore la pâtisserie. Native de Cologne, cette désormais binationale excelle dans les gâteaux de Noël allemands, dont le fameux « Christstollen », pâtisserie semblable à une brioche, faite d’une pâte de levure lourde, avec de la pâte d’amande et des raisins secs, recouverte d’un délicieux sucre glace. Il fait plus confiserie que véritable gâteau où les fruits confits et le massepain (pâte d’amande) vient nuancer le goût, à la fois corsé et doux dans le palais.

 

 

Il y a aussi les « Lebkuchen », gâteaux de pain d’épices (cannelle, clou de girofle, anis, coriandre, gingembre et noix de muscat) au miel sans levure. Sans oublier les biscuits de Noël.

« Ce sont des choses qui me tiennent à coeur et que je fais avec plaisir. », fait savoir Mme Djemour.

Outre les confiseries et les gâteaux, l’artisane propose aussi des confitures à base de « fruits bio » et « allégés en sucre ».

« Je fais aussi des sirops de menthe ou de rose. J’ai commencé par les liqueurs à base de produits naturels et je suis aussi apicultrice. Je vends du miel pur et aussi bio. J’aime bien être à la cuisine et partager mon savoir-faire avec tout le monde. », rajoute-t-elle.

Page Facebook « Kuchenliebe »

 

 

Manifestement, si les produits gastronomiques ont volé la vedette aux couronnes de Noël ainsi qu’aux articles décoratifs; les enfants du marché de Noël de Hamammet ont pu, aussi, entrer en contact avec le personnage du père Noël où jouets, friandises et jouets étaient distribués sans parler de l’organisation d’une tombola. Le seul point noir dans cet événement convivial était l’absence d’un artisan chocolatier. Sinon, cette première édition était un franc succès. Bravo et à la prochaine !

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