Crédit photo: © Hanene MABROUK – mangeonsbien.com
Avec l’été et les températures qui passent largement le cap des 40 degrés, les crèmes glacées et les granites font le plein. À Mahdia, un délice du temps jadis continue de faire de la résistance: on parle ici des marchands ambulants de « frigolo » bien glacé qui sillonnent la cité des Fatimides pour rafraîchir les clients.
C’est le cas de Kalthoum. Armée de sa spatule en bois et de sa glacière isotherme remplie d’une préparation à base de jus de citron, chaque après-midi, cette Mahdoise dresse son chariot sur la corniche pour y vendre son « frigolo » accompagnée de son fils ou de son conjoint.
Alors en ce mois d’août particulièrement chaud, elle fait largement le plein. Les meilleurs jours, elle vend 200 à 300 gobelets.
Un visage familier
Ce qui fait surtout la marque de fabrique de Kalthoum, c’est sa générosité et son accueil chaleureux. Une douceur mahdoise qui assure et rassure : un visage familier.
« Tous les jours, même endroit, même heure. » Et c’est finalement une clientèle d’habitués qui l’attend régulièrement sur l’immense corniche. Comme Sana et ses enfants, qui, dès qu’ils mettent les pieds sur le trottoir en face de la statue de l’espadon, prennent la direction du fameux « frigolo cart ».
« C’est vrai que par un temps pareil, on peut manger beaucoup de glaces… et surtout notre madeleine de Proust, le frigolo », fait savoir Sana.
Depuis qu’elle a commencé en 2006, Kalthoum suit exactement le même parcours. Ni la révolution tunisienne et ses changements socio-politiques ni la crise économique l’ont stoppé.
« Qu’est-ce que je ferais à la maison chez moi ? Rien, donc je fais les « frigolos »», fait savoir Kalthoum.
Une ambiance et une passion qui ne quittent pas cette dame quinquagénaire, épaulée par son conjoint et son fils cadet, qui aimerait continuer le plus longtemps possible, au-delà des 60 ans.
Dépêchez-vous pour en profiter, Kalthoum range son chariot avec la rentrée scolaire. En hiver, elle change son fusil d’épaule pour s’occuper de son foyer. Partez donc à sa recherche, elle dresse son chapiteau tous les jours, de 18h jusqu’à une heure du matin.
« Avant je le faisais jusqu’à 3h du matin, et il y avait énormément de clients. Et nos rues étaient plus sûres ! Mais maintenant, je préfère plier bagage un peut tôt. », conclut-elle.
Les temps changent et les rituels aussi, mais le « frigolo » de Kalthoum continue de faire de la résistance.