À l’échelle mondiale, les Chefs cuisiniers de sexe féminin ne sont pas légion. Et la Tunisie ne fait pas l’exception. Votre magazine mangeonsbien.com a décidé de rendre hommage à des Artisanes tunisiennes dont le talent ne laisse personne indifférent !
Elles ont chacune un parcours diffèrent de l’autre. Mais Ahlem, Syrine, Narjes et les autres… Elles ont, toutes, la même passion: créer et s’imposer dans un milieu où l’homme et la misogynie règnent en Maîtres. Dynamiques, bosseuses, créatives et studieuses, ces Cheffes ont su forcer le respect dans le microcosme des deux fourchettes. Partons à la découverte de ces Sarrasines des Toques blanches!
Cheffe Ahlem NGUILI, la « gazelle » des Toques parisiennes
Quarante printemps au compteur, née à Paris d’un père et d’une mère tunisiens (originaires de la ville de Rafraf, gouvernorat de Bizerte), rien ne prédestinait Ahlem NGUILI de devenir un jour chef de cuisine.
Diplômée de Droit international de l’université René Descartes, il y a dix ans, cette franco-tunisienne s’est reconvertie, après quelques années dans l’univers de la cuisine en poursuivant des études au lycée des métiers de l’hôtellerie Jean-Drouant (LMH-JD).
Fraîchement diplômée, elle roula sa bosse dans plusieurs enseignes parisiennes tout en se distinguant par sa touche qui joint de manière très futée les produits du terroir tunisien à la subtilité de la gastronomique française.
Tel un Alchimiste, cette jeune femme a su attirer l’attention vers elle ce qui lui a valu d’être intronisée le 13 mai 2016 comme membre actif des Toques françaises. Dans la foulée, le célèbre « Bistro Bab », restaurant franco-tunisien, inscrit au guide Michelin, lui offrit le poste de chef du jour entre juin et décembre 2016. En six mois, Ahlem a su épater les clients de cette enseigne parisienne par des plats revisités et hauts en couleurs.
Entre ‘mloukhia‘ réinventée, « nems à la rascasse et la boutargue tunisienne » et « hargma en cromesquis avec son jardin de légumes », la cuisine de nos grand-mères est toujours présente dans les créations de cette surdouée des fourneaux.
« Je me sens investie par une mission: valoriser le patrimoine culinaire tunisien en essayant d’intégrer nos produits du terroir dans chacune de mes créations », souligne Cheffe Ahelm.
Ces exploits chez « Bistro Bab » ont fini par faire échos chez l’un des plus prestigieux traiteurs franciliens, la célèbre Maison « Potel & Chabot ». Ainsi, depuis janvier 2016 jusqu’à l’écriture de ces lignes, Cheffe Ahlem NGUILI fait le bonheur des clients de cet établissement où ces petites mains sont très sollicitées pour les dressages délicats et l’application des feuilles d’or.
Cette « gazelle des déserts » comme aiment l’appeler ses frères d’armes ne cessa d’impressionner par son esprit créatif et son attachement à ses racines.
Cheffe Syrine GUETTAT, la cuisine dans les gênes
En revanche, pour Cheffe Syrine GUETTAT, issue d’une famille de restaurateurs, l’amour de la cuisine était déjà encodé dans ses gènes. Née le 13 janvier 1993 dans l’Île de Djerba, cette jeune cuistot a appris les rouages du métier sur la table de travail de son père Chef Ali GUETTAT.
« J’ai commencé à cuisiner à partir de l’âge de 12 ans aux cotés de mon géniteur qui possède un restaurant à Djerba. Depuis j’ai enchainé quatre BTP et BTS de cuisine. », fait savoir Cheffe Syrine.
Et en 2016, la jeune fille de 24 ans a fini par obtenir son diplôme en cuisine et pâtisserie de l’institut Pascal de Tunis, suivi d’un cursus de formation en cuisine asiatique et pâtisserie.
« Mais mon premier défi professionnel s’est matérialisé dans le concours culinaire « cool jina ». Ensuite, l’étape marocaine était primordiale dans le développement de mon background culinaire à travers un passage riche en enseignements chez « Dar Moha », puis, dans la cuisine de « la cantine parisienne » (bistrot français) sous la bagatelle du Chef Faiçal ZAHRAOUI à Marrakech. », précise-t-elle.
Par la suite, cette jeune Cheffe au look moderne et Rock’N’Roll a mis le cap sur le pays de Paul Bocuse pour s’initier au savoir-faire des gardiens du Temple de la gastronomie française. La Maison « b com brasserie » du chef Franck Leclerc lui donna, en premier lieu, un aperçu sur le style bistronomique, puis, c’était autour de l’hôtel collection « Domaine de Claire fontaine », médaillé par une étoile guide Michelin, chez le chef Philipe Girardon Meilleur ouvrier de France « MOF ».
Et l’approche curriculaire de Miss GUETTAT et sa soif du savoir ne se sont pas arrêtés du côté de l’Hexagone. Tentée par les saveurs transalpines, la petite djerbienne a fini par plier bagage et taper aux portes du « Little eataly and co », un restaurant sis à Poissy en France et tenu par le Chef italien, Tony SALAMINA.
« J’ai aussi participé à plusieurs événements comme le dîner ministériel franco-tunisien à Strasbourg ainsi qu’à d’autres projets avec L’union européenne « Projet Nemo » », ajoute-elle.
Consciente du fait que nous vivons dans une époque où l’image est reine, Cheffe Syrine GUETTAT a fait « des shootings et des vidéos » du stylisme culinaire son essentiel à travers la promotion de produits agroalimentaires et de marques via une chaîne de TV tunisienne.
À l’image de Cheffe NGUILI, la jeune GUETTAT reste très attachée aux produits du terroir tunisien comme en témoignent ses recettes qui revisitent des grands classiques de la cuisine berbère à l’instar de la « Mtabga » et du couscous tout en portant un regard bien attentionné sur les cuisines du monde et surtout asiatiques (thaïs, vietnamiens, chinois, japonais et indiens).
Ayant remporté la médaille d’or lors des Tunisian Culinary Awards 2015 dans la catégorie « BUESCHKENS HANS », elle a été sélectionnée dans l’équipe tunisienne pour participer à la coupe du monde de cuisine qui s’est déroulée en Egypte, la même année sous l’égide de la World association of chefs societies (WACS). Malheureusement, pour une histoire de visas, la jeune Cheffe a fini par rater cet événement.
Outre son côté dynamique, Cheffe Syrine GUETTAT est aussi membre depuis 2014 de l’Association des professionnels de l’art culinaire (A.T.P.A.C.), sous le parrainage du Chef Wafik BELAÏD, et de la chaîne des rôtisseurs (2015)… Respect!
Cheffe Narjes SNENE et les autres…
Une autre grande dame de la cuisine tunisienne s’est distinguée récemment à l’échelle internationale. On parle ici du Cheffe Narjes SNENE qui a remporté avec sa « mhamsa » la médaille d’argent de la compétition dédiée aux « pâtes traditionnelles », et ce dans le cadre de la 15ème Foire internationale de la gastronomie d’Istanbul, du 02 au 05 février 2017.
Le talent du Cheffe SNENE ne s’est pas arrêté au stade de la deuxième marche du podium. En effet, le lendemain, cette Mahdoise a glané la médaille d’or avec Chef Abdelfattah BEN ALI et le jeune Yassine KORTI dans la compétition par équipes « BLACK BOX » (marchandises mystérieuses).
Réservée et timide, cette mère de famille est, certes, connue dans le milieu pour son sérieux, mais aussi pour sa spécialisation dans la cuisine tunisienne traditionnelle. Pour Mme. SNENE, la cuisine tire sa noblesse dans le respect des codes ancestraux… Rien à dire, chapeau bas Chef!
Il y a aussi Cheffe Malek LABIDI-DEBBABI (diplômée de prestigieuse école de management et de formation aux métiers de l’hôtellerie, de la restauration et des arts culinaires, l’Institut Paul-BOCUSE) et, dans un autre répertoire, Cheffe Chiraz TRIKI-ELGHOUL (« Saveur Magenta », pâtisserie) qui a remporté, récemment, haut la main le premier prix de la pièce artistique en sucre au concours de la Toque d’or à Lyon (France) dans la catégorie « Professionnels Pâtisserie » et la deuxième place du podium du meilleur pâtissier, S.V.P.!
Rappelons qu’à l’instar d’Ahlem NGUILI. Cheffe Chiraz est, également, le fruit d’une insolite reconversion dans le domaine des métiers de bouche avec une maîtrise en finance de l’École supérieure de commerce de Tunis (E.S.C.T.), déjà en poche, puis, un diplôme décroché de l’Institut Paul-BOCUSE.
Côté professionnel, le CV de Mme. TRIKI-ELGHOUL compte, aussi, une myriade d’expériences dans les « laboratoires » de plusieurs enseignes françaises (« Potel et chabot », « La durée » à Paris et au restaurant gastronomique du « Radisson Blu Hotel » à Lyon).
Enfin, on ne peut pas clôturer notre tour d’horizon des Cheffes sans évoquer les pionnières de la gastronomie tunisienne: Salwa BEY (Restaurant « El Walima »), Mme. Najoua BEN ALI, Chef Rakia RACHEG et, surtout, la doyenne Mme. Salwa CHAÂBANE (Restaurant « Lella Salwa »).
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