Crédit photo: Abdel Aziz HALI – © Copyright mangeonsbien.com
En Tunisie, chaque fête religieuse apporte son lot de traditions. C’est le cas avec le « Ras el-Âam el Hejri », le premier jour du mois de Mouharrem du calendrier musulman qui symbolise la date de l’émigration (hégire) du Prophète de l’Islam à Médine (Yathreb), le 16 juillet 622.
Gastronomiquement parlant, à Nabeul, on célèbre le Nouvel An du Héjire avec le fameux couscous à la viande séchée du mouton de l’Aïd (qaddid, merguez et osben séché), bien ornementé avec des pois chiches, des amandes, des friandises, des dattes, œufs durs. etc…
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En effet, dans la Cité des potiers, en plus du couscous au « qaddid » et à l’image des oeufs colorés et des lapins en chocolat du lundi de Pâques chez les chrétiens, les habitants de cette ville cultivent depuis des décennies une tradition ancestrale aux saveurs méditerranéennes. Il s’agit des fameuses poupées de sucre qui ornementent le « methred » du Ras el-Âam (un plat en poterie colorée et émaillée rempli de friandises et de fruits secs).
Il suffit de visiter cette ville les jours précédant le 1er jour de Mouharrem pour se rendre compte de la place de choix qu’occupe ces figurines de sucre dans la culture nabeulienne. De la place du Mahfar, passant par le souk el-Balgha jusqu’au quartier d’el-Bhaïer en longeant l’avenue Farhat Hachad, des commerçants installent leurs étales ainsi que des tentes pour exhiber leurs poupées de sucre et des figurines fabriquées avec du sucre alimentaire ou en chocolat ainsi que les fruits secs et les bonbons qui finissent en général dans le « methred » de « Ras el-Âam ».
Quelles sont les origines de cette tradition ?
Concernant les origines de cette tradition, jusqu’à l’écriture de ces lignes, aucune étude scientifique ni publications historiques ne peuvent affirmer avec certitude l’origine exacte de ces figurines. Certes, certains historiens, à l’image du Pr. Yahia el-Ghoul, enseignant universitaire en histoire contemporaine, soutiennent la thèse que ces poupées de sucre dérivent de l’île de Sicile, où on trouve les traditions de la fabrication des poupées de sucre pour les fêtes religieuses telles que celles de Pâques et de la Toussaint, mais cette hypothèse qui reste non confirmée et même infondée par les recherches académiques, laisse planer un nuage de mystère sur les origines de cette tradition. D’autres chercheurs voient les choses d’un autre angle.
«La fabrication des poupées de sucre est enracinée dans la culture nabeulienne. Si plusieurs soutiennent qu’elle existe depuis le début du 20e siècle, d’autres affirment que ce sont les juifs nabeuliens qui ont instauré cette tradition. », souligne Pr. Naceur AYED
Si en Tunisie la tradition des poupées de sucre est typiquement nabeulienne, cela n’empêche pas de voir ce type de coutumes fleurir sous d’autres cieux. C’est le cas dans des pays comme:
- Le Mexique;
- La Chine;
- L’Argentine;
- La France;
- L’Espagne;
- Le Portugal;
- L’Egypte (au Mouled);
- L’Italie (Sicile);
- La Syrie;
- Et le Liban.
Le Père Noël, Hello Kitty et les 7 nains font leur apparition
Il reste à signaler que dans les traditions nabeuliennes, les enfants de sexe masculin célèbrent cette fête avec des poupées de sucre en forme de coq et de cheval. En revanche pour les filles, place aux poupées de sucre et aux figurines qui symbolisent les mariées, une gazelle ou un poisson.
Or, pour cette édition, les enfants ont été bien gâtés. Outre les traditionnelles poupées ou coqs de sucre, les fabricants ont proposé un large éventails de personnages sortis tout droit du petit écran tels Bob l’Éponge, les sept nains de Blanche Neige, Hello Kitty, Picatchu, Tweety Bird, Winnie the Pooh, voire même le Père Noël avec son manteau rouge et sa barbe blanche !
« Pour les nouveaux mariés et les nouveaux fiancés, la tradition veut que le mari ou bien le fiancé achète une poupée de sucre et l’offre à sa dulcinée avec un imposant « methred ».», fait savoir Pr. Yahia el-Ghoul
Enfin, pour la petite anecdote, la coutume veut que ces figurines doivent être préservées jusqu’au jour de la « Achoura ». Ce jour-là, les femmes les pulvérisent en plusieurs morceaux à l’aide d’un mortier afin d’utiliser ces derniers pour sucrer le thé qui sera servi après le plat à base de poulets: généralement des pâtes dites , »dwida » (spaghettis).
Last but not least, d’habitude cette ferveur autour de ces figurines a toujours été encadrée par les festivités du festival des poupées de sucre organisé par l’ASVN (Association pour la sauvegarde de la ville de Nabeul), mais ces dernières années, les enfants de la ville ainsi que les adultes ont été privés de l’ambiance et de la dynamique socio-culturelle de cet évènement. Mais, depuis l’année dernière, ce Festival a repris du service. Voilà une bonne nouvelle !
Des photos prises du côté de la Place du Mahfar à Nabeul:
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