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Mémoire de la cuisine de rue tunisienne, personnage haut en couleurs, supporter du Club Africain et légende du quartier du Passage, le grand Hattab n’est plus.
À sa manière, il a contribué à faire aimer notre cuisine populaire, dite « Sreet Food », dans sa simplicité et sa fraîcheur. Un bon casse-croûte « Chez Hattab », au restaurant Barrouta de la rue du Ghana, restera toujours une référence, avec son pain rond, dit « hchaïchi », ses trois salades et ses morceaux de thon.
Chez lui, le plat tunisien, le kaftagi et le lablabi ont toujours un je ne sais quoi qui fait toute la différence. Et nous venions de loin pour déguster sa cuisine. Parfois, les dimanches, c’est ici que nous achetions notre casse-croûte avant d’aller au stade ou en en revenant.
Depuis les années 1960, Hattab Barrouta a régné sur son restaurant durant des décennies puis ses enfants ont pris le relais. Avec son décès, c’est un pan entier de nos traditions populaires qui disparaît car il connaissait par cœur tant de choses.
Il rejoint dans les limbes, ceux de sa génération qui ont codifié cette cuisine populaire. J’ai une pensée pour Manino, son voisin et concurrent. Une pensée aussi pour Nanou et Oueld Hnifa qui, malgré leurs différences ont défendu la même cuisine populaire. Une pensée également pour Mnaouer qui, non loin du lycée Carnot, a nourri des générations de potaches.
Aujourd’hui, il reste encore quelques oasis où l’on peut déguster sur le pouce, ces plats élémentaires et nourrissants. On peut retrouver dans la médina et au centre-ville, quelques échoppes où l’on continue à travailler à l’ancienne, avec du pain hchaichi, de l’huile d’olive et toujours des produits frais.
Hattab Barrouta restera dans nos mémoires. Cet homme généreux donnait toujours à manger aux plus fragiles qui frappaient à sa porte et ce n’est pas le moindre des mérites d’un homme qui incarne le Vieux Tunis et une joie de vivre ensemble et partager.
Paix à son âme.