Crédit photo: Zied BOUZID – © Copyright mangeonsbien.com
Si le casse-croûte au thon & le Plat tunisien continuent de faire de la résistance face à l’invasion de la malbouffe sous nos cieux, et bien, ces dernières années, le concept des sandwicheries made in USA n’a fini de gagner du terrain.
En effet, si au pays de l’Oncle Sam, le consommateur peut avoir des sandwichs personnalisés comme c’est le cas chez Subway ou Jason’s Deli avec des ingrédients sains et nutritifs et une large variété de pains (même sans gluten, S.V.P. !), au pays d’Ibn Khaldoun, on est très loin du compte avec parfois du copier-coller sans pour autant suivre les B.a.-ba de l’hygiène et franchir le Rubicon du déjà vu !
Entre sauces insolites et pains moelleux de l’intérieur et croustillants de l’extérieur, la promesse n’est pas toujours tenue ! Par contre, l’insatisfaction est (presque) toujours au rendez-vous pour ne pas dire qu’on est souvent abonnés à de la publicité mensongère avec des prix salés qui peuvent atteindre, chez certaines enseignes, les 10 dinars tunisiens.
Les herbes et les épices manquent à l’appel. Le pain, soit il est sec comme une galette, soit il est mou comme un chewing-gum. Et pour ce qui est de la farce, la générosité des Maîtres des lieux nous renvoie au personnage de François Gautier, interprété par Dany Boon dans le film « Radin ! » (2016).
On nous promet un déjeuner ou un dîner sur le pouce avec une explosion de saveurs, mais à l’arrivée, la mayonnaise et le ketchup inondent nos palais. La texture du poulet grillé ou pané est un véritable coupe appétit. Et la viande hachée, si elle est disponible, bouche nos artères par son gras, sans oublier les ravages des préparations alimentaires qui prennent l’étiquette de fromage.
Des frites dégoulinantes ou sèches et froides comme un doigt de gynéco – difficiles à mastiquer- nous laissent jurer de ne plus mettre le pied dans ces gargotes de l’arnaque.
Mais le Tunisien a-t-il vraiment besoin d’inviter sa fiancée ou de ramener sa petite tribu dans ces sandwicheries où l’apport nutritionnel et le goût laissent à désirer ?
Dans un pays où 64,5% de ses citoyens sont en surpoids (dont 72,4% sont de sexe féminin), et 30% sont obèses avec 44,6% souffrant d’une dyslipidémie, selon les résultats préliminaires de l’enquête “Tunisian Health Examination Survey- 2016” (1), le boom des sandwicheries dans nos contrées ne peut qu’amplifier ces chiffres inquiétants.
Pis encore, toujours selon cette étude, 9% de nos compatriotes de plus de 15 ans sont diabétiques et 36,4% sont porteurs d’une hypertension artérielle…. De quoi nous foutre les jetons !
En 2014, le ministre de la Santé, Salah Ben Ammar avait déjà tiré la sonnette d’alarme en mettant en garde contre « une catastrophe sanitaire dans 30 ans, si les Tunisiens ne changeaient pas leur comportement alimentaire ».
Le ministre avait aussi pointé du doigt la consommation moyenne quotidienne de sel en Tunisie, qui est aux alentours de 10g/personne, tandis que que le besoin du corps humain en sel ne dépasse pas les 2g/personne, tout en en critiquant le taux élevé du sucre dans nos yaourts et boissons gazeuses qui est supérieur à la moyenne mondiale. Or tout porte à croire que cette mise en garde est restée lettre morte.
By the way, les sandwicheries continuent de proliférer comme des champignons et l’obésité et son cousin le surpoids font la fête au rythme de Despacito !
(1) – “Tunisian Health Examination Survey- 2016”: Il s’agit d’une enquête nationale réalisée, en partenariat avec l’OMS, l’institut national de la santé, laboratoire de recherches sur les maladies cardio-vasculaires, la société tunisienne du diabète des maladies métaboliques et l’office national de la famille et de la population, entre le 9 mars 2016 et le 8 juin 2016. Elle a ciblé un échantillon représentatif de 5.250 ménages (5.075 qui ont accepté d’y participé à raison d’un homme et d’une femme de plus de 15 ans dans chaque ménage), repartis sur tout le territoire tunisien, avec un taux de participation de 97%, soit l’équivalent de 9.209 personnes.