Crédit photo: Abdel Aziz HALI – © mangeonsbien.com
Le Tunisien aime manger à l’extérieur. Certes, certains plats représentent le socle de la street food tunisienne comme le fameux « Lablabi » (« لبلابي », en dialecte tunisien: à consommer le soir) ou le sandwich « lablabi » de Bizerte (« كسكروت لبلابي », en dialecte tunisien) le « Bambalouni » (« بمبالوني », en dialecte tunisien), sa majesté le « Fricassé » (« فريكاسي », en dialecte tunisien), l’indétrônables « Brick » (« البريك », le pluriel de « بريكة »), etc. Mais voilà, ces dernières années, ces aliments ont été presque détrônés par l’omniprésence de plats typiquement orientaux, à l’instar de la « Chawarma » (« الشاورما », en dialecte levantin) les sandwiches libanais et turcs, le sandwich « Makloub » (« المقلوب »: pâte renversée), le « Kebab » (« الكباب », en dialecte oriental), le « Chich taouk » (« الشيش طاووق », en dialecte levantin), etc.
D’autre part, plusieurs de nos concitoyens ont eu la fâcheuse habitude de se rabattre sur d’autres produits “bon marché” toujours à base de farine de blé, par exemple: le « Chapati » (une spécialité du monde indien: Inde, Pakistan, Bangladesh, etc.): on parle désormais de « Chapati tunisien » (« شباتي تونسي », en arabe), voire même du « Chapati de Mahdia » (« شباتي المهدية », en dialecte tunisien).
En parallèle, les “Mlawi” (« الملاوي », en dialecte tunisien) se sont installés dans la culture « Street Food » sous nos cieux: une galette fine, huileuse, cuite sur des plaques métalliques (à l’image de ce qu’on fait avec les crêpes) ou sur un tajine berbère noir de suie et graisseux. Pour un dinar, on casse la croûte avec une galette fourrée d’œufs, et badigeonnée d’harissa. Des mets qui laissent à désirer du point de vue hygiène et apport nutritionnel.
Face à ce tsunami gastronomique “ bas de gamme ” qui ne cesse de polluer les traditions culinaires et le plaisir du palais à la tunisienne, un produit local continue de résister. Ce fameux produit typiquement tunisien n’est autre que le célèbre « Plat tunisien » (« صحن تونسي », en dialecte tunisien).
Plaisir, plus apport nutritionnel
Riche en fibres, le plat tunisien, avec des ingrédients à base de légumes frais et crus (concombre, tomates, laitues, oignons, choux (« الكرمب », en dialecte tunisien), olives…), « Slata méchouïa » (« سلاطة مشوية », en dialecte tunisien: salade composée de piments, de tomates et d’ail tous grillés), piments et citrons confits, câpres, pommes de terre et œuf (à la coque) bouillis, de l’harissa et du thon et de l’huile d’olive, offre à ses consommateurs un plaisir avec une empreinte tunisienne sans se dénuer d’un apport nutritionnel.
« Le plat tunisien avec sa richesse en fibres offre amplement ce qu’on attend du slogan: « Manger cinq fruits et légumes par jour ». Dommage que de nos jours, nos compatriotes se sont mis à la mode des plats orientaux à grande concentration en matière grasse et d’acides gras saturés ou trans (facteurs favorisant le cholestérol) où l’hygiène aussi laisse à désirer. Du point de vue sanitaire, à part nos fritures (« brick », « bambalouni » et « ftaïr »), le sandwich et le plat tunisien, et à moindre degré le « lablabi » sont de loin les produits à conseiller pour être consommés en dehors de la maison.”, précise Dr Slim Boussâïdi, nutritionniste.
Question d’identité nationale
En outre, pour plusieurs, le plat tunisien est une fierté nationale et un véritable porte-drapeau de l’identité tunisienne:
“Pour moi, trois fois par semaine, je vais à Belleville pour acheter soit un plat tunisien ou bien un “ kaskrout ” tunisien. Le plat tunisien me rappelle mon enfance en Tunisie. Dans les années 70, à Nabeul, j’étais un fervent consommateur du plat tunisien chez Théodore. Et voilà, manger le plat tunisien à Paris me laisse très proche de mon pays natal. Pour moi, le plat tunisien entretient ma nostalgie et me laisse tout le temps en contact avec les délices de mon pays. ”, fait savoir Taoufik Toumi (52 ans, Tunisien résidant en France).
Et pourquoi ne pas faire du plat tunisien l’emblème de la cuisine populaire tunisienne? Après tout, son nom l’indique, ce mets nous renvoie vers notre tunisianité…
“En ce qui me concerne, le plat tunisien est le seul produit que je consomme en dehors de ma cuisine. J’en suis un fan et le prendre au petit déjeuner me coupe la faim durant toute la journée. », souligne Sofiane Madhi, 37 ans, taxiste.
Je pense qu’il n’y a pas mieux qu’un bon plat tunisien avec ses ingrédients tous à base de légumes. Je pense qu’il est temps qu’on fasse du plat tunisien le fleuron de notre cuisine, à l’image des pizzas en Italie et des hamburgers chez les Américains.”, ajoute-t-il.
Doit-on attendre jusqu’à que les Israéliens le s’approprient comme c’est le cas avec notre chère Salade tunisienne devenue « Salade israélienne » ou la tant désirée « Chakchouka » (appelée « Shakshuka israélienne » dans l’État hébreux-ndlr) ou notre chère « Mhamsa » rebaptisée « Couscous israélien »?
Comment prépare-t-on un bon plat tunisien?
Si la recette d’un plat tunisien est très simples, pour El Behi, un spécialiste du plat tunisien (du côté de Nabeul), le secret d’un bon plat tunisien réside dans la qualité des ingrédients qui le composent.
« Pour faire un bon plat tunisien, il faut que les légumes qu’on va utiliser soient frais. Néanmoins, la qualité du thon utilisé, la façon de diluer l’harissa et surtout la présence de l’huile d’olive sont les facteurs essentiels pour préparer un bon plat tunisien. », déclare le professionnel.
« En plus, ces derniers temps, on a remarqué un certain regain de la consommation de ce plat, vu que plusieurs clients sont devenus de plus en plus conscients des apports nutritionnels de ce produit. Sans oublier qu’avec seulement 3,5 DT, on mange bien, tout en joignant l’utile à l’agréable. », conclut-il.
Décidément, face à l’invasion culinaire qui nous vient de l’Est et les mauvaises habitudes culinaires (« Mlawi » et « Chapati ») qui ne cessent de pulluler dans nos contrées, le « Plat tunisien » continue à faire de la résistance pour le bien de notre santé.
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