Crédit: Combinaison © Abdel Aziz HALI / mangeonsbien.com
Si vous en avez marre des restaurants où tout le monde va faire ses stories instagram, surprenez vos proches en leur faisant découvrir des restaurants cachés et insoupçonnés: « Movida Club Ristorante » is the place to be. Cette « trattoria » sicilienne dirigée par chef Antonino Maenza, alias « Nino » et sa mère Alda — une Napolitaine octogénaire et virtuose des fourneaux — offre la promesse d’un restaurant italien familial, simple et sans prétention, niché derrière une façade banale et situé en plein coeur de la ville de Hammamet, le Saint-Tropez tunisien : terre de refuge de l’homme d’État italien Bettino Craxi et de plusieurs milliers de ses concitoyens dans nos contrées. Gros plan sur ce « hidden restaurant » à l’abri des regards, qui attire aussi bien les célébrités tunisiennes (Ex: la joueuse de tennis Ons Jabeur, l’acteur international Dhafer El Abidine ou le « golden boy » du « showbiz » Nidhal Saadi) que les aficionados de la cuisine traditionnelle du sud de la Botte. Envie de manger italien loin des sentiers battus en vous régalant ? En route, mauvaise troupe pour un dépaysement total !
De l’extérieur, juste en face du « Kochkach shopping center », au niveau de l’avenue de la République — la principale artère commerciale de la cité de Hammamet –, impossible de savoir que vous passez devant un restaurant italien.
En effet, ni le nom « Movida » (un terme polysémique donné au mouvement culturel créatif, qui a touché l’ensemble de l’Espagne pendant la fin de la période de la transition démocratique, au début des années 1980, après la mort du général Franco, signifiant autant « fête », que « scène, milieu » ou « action problématique »-Ndlr) ni le terme « Club », voire même l’habillage externe de cette « trattoria » aux allures d’un vulgaire « fast-food » mettant en exergue « panini » & « pizza » (deux articles bannis de la carte du chef « Nino » Maenza) ne motivent les visiteurs pour percer les mystères des lieux et tenter l’aventure culinaire.
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Quand on monte les escaliers, on laisse à notre droite une salle à manger fermée durant la période estivale pour reprendre du service durant les automnes pluvieux et les hivers doux de la célèbre « station balnéaire aux magnifiques jardins ». Ensuite, on franchit une autre porte pour descendre des escaliers tapissés de carrelage imitation « Terrazzo* » vintage, dit « Granito » (blancs et mouchetés). On arrive, enfin, dans l’éden des Maenza: un magnifique patio en béton ombragé par les feuilles d’un gigantesque mûrier.
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On tombe vite sous le charme des lieux où des corbeilles en osier accrochées sur les branches de l’imposante « touta » (mûrier) embellissent cet écrin magique. On admire, également, les somptueux lustres, dont les coquilles ne sont autres que des cageots en bois rouge de fruits et légumes, ainsi que la dizaine de ventilateurs qui procurent de la fraîcheur dans ce paradis de la bonne chère du sud de l’Italie. Bref, on est émerveillés par ce petit bout de Sicile avec ses banquettes et chaises confortables ainsi que ses cinquante tables aux couverts reluisants, redonnant une seconde vie aux entrailles d’une ancienne bâtisse de la cité des Jasmins.
Le service est aux petits oignons. Souriant, le maître des lieux prend le temps d’expliquer par sa carte du menu les plats du jour ainsi que les classiques de la gastronomie méridionale de l’Italie, tirés des carnets de recettes de la « Mamma » Alda (79 ans) : la plus sicilienne des Napolitaines.
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En effet, la maman du chef « Nino » est originaire de Naples et mariée à un Sicilien, Salvatore Maenza, alias « Don Salvo », depuis plus d’un demi-siècle.
« Nous sommes venus en Tunisie en 2014 pour s’installer au début à Tunis. En 2018, nous avons plié bagages pour s’installer définitivement à Hammamet et y lancer notre « Movida club Ristorante ». Véritable cordon bleu, ma mère a toujours eu une passion pour la cuisine. Née à Naples et comme tous les Napolitains, le mieux manger anime notre quotidien. », déclare le cuisinier. « Après s’être mariée à l’âge de 28 ans, ma mère a déménagé en Sicile et a donc également appris la cuisine sicilienne traditionnelle auprès de ma « Nonna » (grand-mère paternelle). Ses connaissances culinaires ont été transmises de mère en fille et de belle-mère en belle-fille, puis à moi aussi, bien que nous n’ayons pas étudié la cuisine. », renchérit-il.
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Originaire de la ville de Valguarnera Caropepe (« Valguarnera o Carrapipi », en dialecte sicilien), qui se trouve à 629 mètres d’altitude sur les pentes orientales des monts Erei, dans la province d’Enna, en Sicile; chef Antonino Maenza a grandi dans ce village typique du sud de la plus grande île de la Méditerranée, dont les collines environnantes font face au volcan géant de l’Etna, avec la « Mare nostrum » en arrière-plan. En 1246, le noyau du village est fondé par un seigneur féodal nommé Lamberto di Carupipi, dont le nom est aussi orthographié « Caropepe ». Selon une étymologie soutenue par plusieurs historiens, le nom Caropepe signifierait « village de mon bien-aimé ». Lorenzo Lantieri , un arabisant réputé, pense que le nom dérive de la combinaison de deux termes arabes : « Quaryat » (village) et « Habibi » (de mon bien-aimé). Le fief était constitué d’un château qui ressemblait davantage à une Masseria, ou à une vaste ferme. À partir de 1398, le fief passa aux mains de deux frères, les Valguarnera, de la noblesse catalane.
La vocation du lieu est restée rurale. « Les habitants travaillent principalement dans l’agriculture. Il n’y a pas d’autres possibilités d’emploi », explique Salvatore Maenza, père du chef Antonino, alias « Nino ». « Les jeunes quittent cet endroit de rêve. Seules les personnes âgées restent. Ils vivent bien ici car le coût de la vie n’est pas élevé. Aujourd’hui, la ville compte quelque 7.000 âmes », ajoute-t-il.
« Mon grand père maternel était un célèbre poissonnier au « Mercato Ittico di Napoli » (marché aux poissons de Naples), situé à Naples sur la Piazza Duca degli Abruzzi. Il fréquentait avec ses amis les meilleures tables de Naples. », fait savoir chef « Nino ». « Et mes grand-parents maternels et mes quatre tantes ainsi que ma mère passaient tout leur temps dans la cuisine et tous les jours le menu était différent de celui de la veille. Les Napolitains vivent pour manger, alors qu’ailleurs, on mange pour vivre. », poursuit-il.
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Derrière les pianos de sa cuisine, chef « Nino » nous plonge dans les effluves de son île, ses prestiges, son goût, son âme, sa passion en suivant religieusement les recettes de sa chère Alda. « Caponata », « carpaccio » de boeuf, salade de poulpe, antipasti, roulés de sardines farcies (« sarde e beccafico ») ou les pâtes –normales ou sans gluten (le petit plus de la Maison) — de votre choix, avec l’accompagnement qui vous plait, sont frappés ici du sceau de l’authentique.
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On aime aussi les ravioli(s) « mezza luna », le « frito misto », les spaghetti aux dattes de mer ou les « spaghetti/bucatini alle vongole » comme les « cannoli » roulés à la « ricotta » et saupoudrée de pistaches, reflétant le goût sucré de la Sicile et donnant l’illusion dans cette cadre rustique et idyllique avec ses fresques en mosaïques pleines de gaîté… d’être quelque part entre Palerme, Agrigente et Taormina.
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On savoure également les « linguine con polipetti alla luciana » (un plat signature du quartier historique de Naples, Borgo Santa Lucia), les plaisirs de la « polpetta » transmise de mère en fille, les « linguine » aux seiches avec sa sauce « puttanesca » (olives noires, câpres et anchois, exquise et revigorante dont raffolaient les prostituées de Naples après l’effort) ou encore les « linguine alla bottarga ».
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Attentif et méticuleux, « Nino » n’est jamais loin de sa salle. Toujours aux aguets et au chevet de ses convives, à l’affût de la moindre fausse note, il explique et surtout rattrape sans crier gare les rares bévues de sa brigade, pratiquant l’art du guéridon avec dextérité.
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Mais qui dit « Movida Club Ristorante », dit glorieusement les fameuses « pasta con le sarde » (« pâtes aux sardines ») également nommées « pasta chî sardi » en sicilien : la spécialité de Mme Alda Maenza et le plat emblématique de la gastronomie sicilienne reconnu par le ministère (italien) des Politiques agricoles, alimentaires et forestières.
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À l’origine, c’est un plat de saison préparé du printemps à la fin de l’été lorsque les deux ingrédients principaux — sardines et fenouil sauvage ou aneth — sont présents en produits frais.
« Les sardines doivent être nettoyées et filetées, en enlevant la tête, la queue et les arêtes, puis lavées et séchées entre deux chiffons propres. Trois types de pâtes sont généralement indiqués, toutes de semoule de blé dur : bucatini et perciatelli, le mezzani ou demi ziti. Moi je les prépare aussi avec les rigatoni. », précise le chef. « Dans les pâtes aux sardines, ce n’est pas le bulbe du fenouil qui est utilisé mais les parties les plus tendres et les plus vertes des pousses, des jeunes brindilles et des feuilles plumeuses typiques (ou barbe), lesquelles peuvent être récoltées à la campagne du printemps à l’automne, c’est-à-dire à la même période où il est possible de trouver des sardines très fraîches sur les marchés. Et à défaut de fanes de fenouil sauvage sur le marché, j’utilise l’aneth qui apporte un goût anisé très agréable dans la bouche. », conclut-il.
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Les autres ingrédients de la recette des Maenza sont les oignons, les anchois salés, les raisins secs, les pignons de pin, de la chapelure grillée, du safran, de l’huile, du sel, du poivre et le « pecorino siciliano » (« picurinu sicilianu », en sicilien: un fromage italien au lait de brebis).
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Avec sa cuisine familiale servie dans un cadre intimiste, « Movida Club Ristorante » du chef Antonino Maenza est un écrin gastronomique caché qui risque de vous mettre des étoiles plein les yeux et vous mettre… la tête dans son gigantesque mûrier ! On entendrait presque le chant des cigales… Quel coup de coeur !
*« Terrazzo » : « Créé en Italie sous l’Antiquité, ce matériau est réalisé à partir de fragments de pierres naturelles, morceaux de verre et marbres colorés liés par du ciment ou de la résine, puis poli. Tirant son nom d’une commune italienne de la province de Vérone, il trouve ses lettres de noblesse en Italie, dès le XIIIème siècle, pour habiller les palais vénitiens avant d’être largement plébiscité durant la période Art Déco. L’élégance graphique de ce revêtement se décline désormais dans le carrelage imitation « Terrazzo ». Inspiré par l’aspect moucheté ultra décoratif du matériau d’origine, le grès cérame multiplie les atouts, en alliant les performances techniques du carrelage à la beauté colorée de ce matériau ancestral. » (Source : Point.P)
Pour les curieux :
- Adresse : Avenue de la République (juste en face du « Kochkach shopping center »), Hammamet, 8050, Gouvernorat de Nabeul.
- Tél : 24-26-02-75 / 56-11-07-89
- Instagram : movida_club
- Facebook : Movida Club