Crédit photo: Andrej ISAKOVIC – © AFP
Alors que les représentants des principales associations tunisiennes des métiers de bouche étaient en conclave ce matin à 10:00 à l’hôtel El Hambra-Thalasso, à Hammamet sud, à l’initiative du Bailli délégué de Tunisie de la Confrérie de la Chaîne des Rôtisseurs, M. Ezzedine Chaieb, pour discuter de la « mise en place » d’un corps fédérateur « regroupant les associations locales »; la Fédération tunisienne de l’art culinaire (FTAC) a annoncé via un communiqué de presse sa fin d’hibernation en mettant en avant les grandes lignes de son programme de l’année 2019.
Fondée en mai 2017, (régie conformément aux dispositions de la loi n° 66-27 du 30 avril 1966 et les législations régissant les fédérations professionnelles), la Fédération tunisienne de l’art culinaire est sortie de son mutisme pour nous donner quelques flashs sur sa feuille de route.
« Un programme solide est en train de mijoter à petit feu, entre différents intervenants, associatifs, mais pas que. », confie le président de la FTAC, chef Haykel Ben Zayda dans ce communiqué.
« Le ministère du Tourisme, l’Office National du Tourisme Tunisien, l’Agence de Formation dans les Métiers du Tourisme, la FTAV, la FTH, la FTRT ainsi que les instituts, établissements et centres de formations culinaires se sont concertés sur le meilleur moyen de mieux encadrer les jeunes apprenants, mais aussi d’établir les codes de la Cuisine Tunisienne, loin de tout type d’amateurisme et de surenchère. », ajoute-t-il.
Un tel brainstorming ne peut que faire du bien pour la gastronomie tunisienne dont les différents protagonistes n’ont cesser de faire parler de notre patrimoine culinaire.
En effet, sous le pilotage de l’Association tunisienne des professionnels de l’art culinaire (ATPAC), outre les activités nationales (Ex: la Fête du Piment et de l’Harissa à Nabeul et l’action « Mangeons Tounsi »), ces deux dernière années, la cuisine tunisienne a mis le cap sur l’international à travers de multiples participations à des concours internationaux tels que: la Championnat du monde du couscous dans le cadre du « Cous Cous Fest » à San Vito Lo Capo (le prix du jury populaire en 2017 et le titre de champion du monde en 2018-Ndlr), la 2e édition du Championnat du Monde de Pâtisserie, Glacerie & Chocolaterie à Rho dans la banlieue de Milan et une première participation tunisienne au concours mondial de la cuisine, le Bocuse d’Or 2019, à Lyon (une compétition inscrite dans le cadre du Salon international de la restauration, de l’hôtellerie et de l’aimantation, SIRHA 2019).
La FTAC serait-elle le clone de l’ATPAC?
Dans un autre volet, la Direction de la FTAC souligne dans son communiqué qu’il est nécessaire de mettre un peu plus de l’ordre dans le secteur travers une nouvelle organisation et classification des métiers de bouche en barrant la route « aux intrus à la profession ».
« N’est pas digne de la veste blanche qui veut. Quitte à imposer une carte d’identification professionnelle aux acteurs qui évoluent dans ce secteur sensible. », lit-on dans le communiqué de la Fédération tunisienne de l’art culinaire.
« Et par la même occasion de mettre à point des sessions de formations et des tests d’aptitude professionnelle pour faire le tri et permettre aux passionnés de trouver leur place dans un milieu qui devient de plus en plus concurrentiel ces dernières années. », rajoute le comité directoire de la FTAC.
Mais voilà plusieurs acteurs des métiers de la restauration reprochent à la Fédération tunisienne de l’art culinaire (FTAC) d’être le prolongement de l’Association tunisienne des professionnels de l’art culinaire (ATPAC) pour ne pas dire son clone.
« Quand on analyse la composition du bureau exécutif de la FTAC, on remarque uniquement la présence de membres actifs ou fondateurs de l’Association tunisienne des professionnels de l’art culinaire (ATPAC). À part M. Mounir Arem (ex-secrétaire général de l’ATPAC) et président de la délégation tunisienne de l’Académie nationale de cuisine et M. Moumen Ben Younes, professeur à l’Institut des Hautes Etudes Touristiques de Sidi Dhrif (IHET), aucun autre membre ou président d’une association tunisienne ne figure dans le bureau de la FTAC. », nous confie sous le sceau de l’anonymat un professionnel des métiers de bouche.
C’est une copie conforme de l’ATPAC. Et pour éviter le cumul de fonctions, seul son actuel président, chef Wafik Belaïd manque à l’appel. Ainsi, on est très loin de l’esprit fédérateur. », renchérit-il.
« Et comme par hasard, la FTAC fait cette annonce le jour où un groupe d’associations s’est réuni pour discuter de la mise ne place d’une Fédération tunisienne pour les métiers de bouche. En presque deux ans d’existence, on n’a jamais entendu parler d’une action menée par la FTAC. Il est temps de mettre fin à l’hégémonie de l’ATPAC et sa main mise sur le secteur. Place au rassemblement de toutes les forces vives du secteur des métiers de bouche en Tunisie sans aucune exclusion ou favoritisme.« , conclut-il.
Bref, devant ce duel à distance entre associations culinaires qui cache une guerre d’ego, de positionnement et de leadership, on se demande si on est vraiment dans une dynamique fédératrice? Pas si sûr.