Crédit : © Nerijus Paluckas / Kurjeris.it
Victor Delcroix, un Ă©tudiant français en Lituanie, ne cache pas son amour pour une spĂ©cialitĂ© locale, une soupe froide de concombres et de betteraves nommĂ©e Ĺ altibarščiai, aussi connue sous le nom de « soupe rose » et Ă laquelle un festival qui s’est ouvert samedi Ă Vilnius est dĂ©diĂ©.
Pour l’occasion, cet Ă©tudiant qui participe au programme d’Ă©changes europĂ©en Erasmus, s’est dĂ©guisĂ© en un bol de cette soupe, dĂ©coupĂ© dans du carton.
Il porte en outre un chapeau peint Ă la main aux couleurs du drapeau lituanien jaune-vert-rouge, Ă©galement en carton.
« Je suis tombĂ© amoureux du Ĺ altibarščiai et je me sens obligĂ© de porter cela pour l’honorer », dĂ©clare-t-il Ă l’AFP avant de se lancer sur un toboggan rose gĂ©ant recouvert de mousse installĂ© sur une colline.
Patrimoine culinaire
La soupe rose, qui fait partie du patrimoine culinaire de la Lituanie, est une soupe froide Ă base de kĂ©fir combinant des concombres hachĂ©s, des morceaux de betteraves et de jeunes oignons avec beaucoup d’aneth.
Servi accompagné de cuillerées de crème fraîche, le plat est complété par un oeuf et des pommes de terre bouillies ou frites sur le côté.
C’est sans aucun doute un des mets favoris l’Ă©tĂ© dans toute la Lituanie.
« Il y a des bars (…) qui le prĂ©parent de manière intĂ©ressante, comme un endroit Ă sushis qui le fait avec du wasabi », explique Ricardas Andrijauskas, lui aussi prĂ©sent au festival. « Nous (les Lituaniens, ndlr) le faisons gĂ©nĂ©ralement de manière plus traditionnelle », ajoute-t-il, confiant qu’il n’aime « pas avec du wasabi ».
À proximité, les ingrédients sont disposés pour ce qui est censé devenir le plus grand bol de soupe rose du monde.
Autour, des stands proposent des chips et des parfums d’intĂ©rieur sur le thème du Ĺ altibarščiai, des biscuits faits de pain d’Ă©pice et de la crème glacĂ©e. Les bars et les cafĂ©s participent Ă©galement Ă l’Ă©vĂ©nement, proposant des cocktails et des cafĂ©s Ĺ altibarščiai.
Doper le tourisme gastronomique
Go Vilnius, l’agence de promotion touristique de la capitale de ce pays balte qui organise le Pink Soup Fest, utilise dĂ©sormais la soupe rose pour promouvoir le tourisme gastronomique.
« Notre scène gastronomique a explosĂ© ces dernières annĂ©es », a assurĂ© Ă l’AFP Inga RomanovskienÄ—, la directrice de Go Vilnius.
« Les recettes de cuisine historiques des 700 ans du patrimoine multiculturel de la capitale, qui cĂ©lèbrent une fusion locale unique des cuisines lituanienne, juive et polonaise, se sont Ă©galement installĂ©es dans les menus des restaurants de la ville », a-t-elle ajoutĂ©.
Les Lituaniens affirment que le plat est nĂ© dans le Grand-DuchĂ© de Lituanie, qui a existĂ© jusqu’en 1795 et englobait des fragments des territoires de l’actuel BĂ©larus, de la Russie et et de l’Ukraine.
Cet hĂ©ritage multiculturel fait qu’aussi bien le BĂ©larus que la Pologne, cette dernière ayant constituĂ© pendant des siècles une fĂ©dĂ©ration avec le Grand-DuchĂ©, revendiquent la crĂ©ation de cette recette.
Mais aujourd’hui, le festival de la soupe rose unit les nations et permet d’un peu oublier la guerre qui a Ă©clatĂ© en fĂ©vrier 2022 non loin de lĂ .
De centaines de drapeaux ukrainiens sont Ă cet Ă©gard hissĂ©s sur les bâtiments municipaux, les immeubles d’habitation et les rues de Vilnius. Le plus grand d’entre eux flotte sur une colline surplombant le toboggan rose.
Plus de 80.000 Ukrainiens ont au total demandĂ© l’asile en Lituanie, un pays balte de 2,7 millions d’habitants.
« Les fĂŞtes permettent de ne pas penser Ă la guerre en Ukraine », explique Rasa Kasitiene, vĂŞtue de rose, tout comme sa fille. « Plus il y a de festivals, plus la vie est lumineuse ».
Le soupe rose est aussi une star des réseaux sociaux.
« C’est l’une des soupes les plus ‘instagrammables' », estime Dovile Seliuke, la porte-parole de l’agence de promotion du tourisme en Lituanie, Travel Lithuania.