Les aventures d’Astérix se terminent invariablement à table. De retour au village, les irréductibles Gaulois sacrifiaient alors à la bonne chère et s’en donnaient à coeur joie après avoir donné du fil à retordre à des Romains, réduits à s’exclamer, incrédules: « Ils sont fous ces Gaulois! »
Astérix, Obélix et leurs compagnons avaient une nette prédilection pour le sanglier rôti et arrosé de cervoise. Qui pourrait le leur reprocher d’ailleurs? Alors que chantaient les bardes à la tombée de la nuit, la table était dressée pour les braves et le repos bien mérité des guerriers.
Depuis ce temps lointain du gui et des chênes sacrés, les Français de toutes époques ont une nette prédilection pour les plats savoureux et bien garnis. Bien sûr, en France, comme ailleurs, on parle nouvelle cuisine ou diététique, mais on garde le même penchant pour des plats qui semblent hésiter entre terroirs et histoire.
A chacun ses goûts et s’il m’est donné de parler de mes rituels français, je le ferai sans hésitation ni faux semblants. Alors pas de chichis, mangeons et faisons le généreusement, à la française! A chaque région ses spécialités et ses fromages…
Je commencerai ce tour de France culinaire par une bonne bouillabaisse marseillaise. Emblématique et savoureuse, la bouillabaisse c’est d’abord une soupe de poissons. On y met toute la marée avec rascasses, lottes et merlans. Le plat trouve sa plénitude avec les pommes de terre qui vont avec ainsi que les poissons qui sont servis en rab. N’oublions pas les incontournables croûtons aillés et la rouille puis juste ce qu’il faut d’huile d’olive et de safran. Vous m’en direz des nouvelles du vieux port et de la Canebière!
Restons dans le sud et lorgnons du côté ouest, entre Languedoc, haricots secs et viande… C’est de cassoulet que je vous parle! Ce ragoût à l’origine fait de restes met à l’honneur couenne, jarret et saucisses. De nos jours, on l’associe à Toulouse mais ne dites surtout pas cela à Carcassone ou Castelnaudory.
Et puis, n’oublions pas la truffade qui fleure bon l’Auvergne et le Cantal. La truffade nous apprend que ce qui est simple et fort peut être bon. Ce plat démontre aussi les mille et un usages d’un bon fromage et de la pomme de terre.
Grand écart pour le nord maintenant! Une bonne choucroute en Alsace, c’est aussi une saveur française avec son chou coupé finement, fermenté et cuit dans du vin blanc. Ensuite, c’est saucisses et viande à volonté pour ce plat qui s’est internationalisé au point de présenter des variantes partout dans le monde.
Nec plus ultra de la cuisine hexagonale, le pot au feu est sacré, mythique, unique. De haute tradition, ce pot-au-feu se décline avec la véritable gastronomie française. Il est la gastronomie par excellence, excès et défaut. Avec sa viande de boeuf cuite à feu doux, avec son bouillon de légumes où se marient poireaux, carottes, navets et pommes de terre, le pot au feu, c’est toute la tradition française et un seul restaurant, le fameux Hungaria, l’a servi à Tunis.
Mais aucun n’a pris le pari de la truffade, du cassoulet ou de la bouillabaisse alors que la choucroute s’est longtemps mangée entre initiés au Strasbourg de la grande époque. C’est probablement pour cela que, comme pour un pèlerinage, je me précipite, à peine arrivé en France, vers quelques enseignes mythiques et ces plats de prédilection.
Ce sont alors des moments choisis ou je n’échangerai ces mets rustiques contre rien au monde. Ce sont ces saveurs françaises qui m’ont depuis longtemps apprivoisé et qui, par le bout du nez, me ramènent encore et toujours vers les mêmes tables et les mêmes banquets d’Astérix…
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