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Au début du vingtième siècle, au tournant des années 1920, Tunis regorgeait de brasseries et de restaurants qui venaient pour la plupart de voir le jour et étaient alors concentrés sur les grandes avenues et dans les îlots urbains proches de la porte dite de France.
Les chroniques de cette époque ont ainsi préservé la trace de plusieurs lieux, également immortalisés par les cartes-postales. On peut de la sorte remonter le temps et retrouver les échos de plusieurs de ces restaurants et brasseries qui avaient alors les faveurs du public.
Au tout début était « Le Café Nuée », probablement le premier café « français » de Tunis. Cette enseigne se trouvait avenue de France, non loin des trois premières brasseries de la capitale qui se trouvaient aux environs de l’actuelle rue Amilcar, entre Magasin général et Marché central.
Ces brasseries avaient pour nom « Maxéville », « Tantonville » et « Phénix ». Cette dernière brasserie se trouvait à l’emplacement actuel de la librairie Bonici que reprendra plus tard le groupe Ben Abdallah. On se donnait rendez-vous dans ces brasseries entre 1897 et 1904. De cette époque demeure aussi la trace de la Brasserie Mazurkiewicz (place de l’ancienne Poste) et de la « Brasserie Kessler » qui se trouvait à l’angle des actuelles rues Mhamed Ali et Annaba.
Ce n’est que plus tard que naîtra le « Restaurant du coq d’or », juste à côté du théâtre italien, avenue Jules Ferry (actuelle Av. Habib Bourguiba-Ndlr) et la grande « Brasserie du Phénix » qui sera sise au « Splendid-Hôtel », au 74, avenue Jules Ferry. Il s’agissait en fait d’un restaurant de premier ordre l’un des plus prisés du Tunis des années 1910. Propriété du sieur Montagnoux, le Phénix proposait un service à la carte et des bières de haute qualité. Pour l’anecdote, le Phénix assurait aussi l’expédition de bière en fûts, bocks et bouteilles à l’intérieur du pays.
Avec le Phénix, la « Brasserie Hilscher » comptait parmi les établissements de premier plan. Elle se trouvait au Belvédère et fonctionnait aussi comme malterie qui distribuait sa bière de pur malt et houblon dans tout le pays. Les Hilscher qui tenaient cette brasserie-malterie étaient couverts de médailles d’or obtenues aux grandes expositions internationales. Rien que pour l’année 1909, ils ont été médaillés à Milan, Florence, Amsterdam, Anvers, Londres, Paris et Vienne.
Dans ce Tunis encore en expansion vers les quartiers nord, les restaurants d’hôtel avaient tous la côte et comptaient parmi les meilleures tables. Ouvert en 1902, le « Tunisia-Palace » faisait figure de précurseur et se trouvait au coeur du complexe qui comprenait aussi le Théâtre municipal et le Casino de Tunis. Cet hôtel qui n’a fermé ses portes qu’à la fin des années 1970, avait son entrée principale sur l’avenue de Carthage et on pouvait aussi y accéder par la rue qui porte désormais le nom de Radhia Haddad.
A une échelle plus chaleureuse, « La Maison dorée » a aussi eu un des meilleurs restaurants de la ville. Cette tradition s’était maintenue jusqu’au début des années 1980, du vivant de madame Monge, propriétaire des lieux et cordon bleu devant l’éternel. De nos jours, le restaurant de l’hôtel « La Maison dorée » existe encore, porte le nom « Les Margaritas » et se trouve rue de Hollande. Mais les recettes qui firent la réputation de cette table sont oubliées. Civets de marcassin, coq au vin et canard à l’orange ne sont plus qu’un souvenir disparu avec les doigts de fée de la propriétaire qui accueillait les clients quasiment sur le seuil de sa cuisine.
Plus loin, sur l’avenue de Paris, « Le Majestic » est une autre de ces institutions qui jouissaient d’une table renommée. Hôtel de luxe, à la façade impressionnante, « Le Majestic » a longtemps gardé sa grande salle à manger très prisée pour les banquets et qui reçut stars et présidents. A l’âge d’un siècle et des poussières, cet hôtel a été rénové en profondeur par le groupe Amen et on y trouve toujours une bonne table tunisienne et internationale. Notons au passage que le groupe Amen et la famille Ben Yedder ont aussi rénové l’immeuble qui accueillait le siège historique de leur établissement bancaire et y ont installé un hôtel à l’enseigne du Tunisia Palace.
Il existait dans le Tunis de cette époque de nombreux bistrots et restaurants tenus par des familles. Propriété des Camille, le « Restaurant des 2 mondes » se trouvait sur l’avenue de Carthage, sur l’emplacement actuel du Palais. D’ailleurs, la configuration extérieure des lieux a peu changé. Et comme le voulait la mode de l’époque, le personnel et les propriétaires posaient devant la façade ornée de deux ardoises géantes pour la carte du jour.
Tunis comprenait plusieurs de ces restaurants. Citons par exemple « Le restaurant du Japon » qui, comme son nom ne le dit pas, servait de la cuisine italienne. Tenus par G. Fiorini et C. Falorni, ce restaurant se trouvait rue Amilcar et se vantait d’avoir les meilleurs raviolis et cassates de la ville. Chez ce duo d’artistes des fourneaux, on se targuait aussi de servir les meilleurs chiantis et autres vins napolitains et piémontais. Citons aussi le restaurant « Le Pot-au-Feu » qui se trouvait au 12, rue d’Italie, au Tunis Hotel, une pension familiale. La rue d’Italie est devenue la rue Charles-de-Gaulle.
Pour terminer cette chronique des brasseries et restaurants de jadis, comment ne pas mentionner « Le Paris-Bar », « La Brasserie Lorraine » et « La taverne Guillaume Tell » qui ouvriront leurs portes les décennies suivantes? Evidemment, il est difficile de revenir sur tous les établissements qui ont traversé le Tunis du vingtième siècle. Presque toute la petite histoire reste à écrire dans ce domaine précis…
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Que de merveilleux souvenirs! J’en ai l’eau à la bouche ! Moi la gourmande, je suis née en 1960 et je n’ai pas connu l’épique de ce Tunis et cette merveilleuse goulette. Par contre je me rappelle des années magiques de 1970 a 1990. À quand 1 réunion des anciens du lycée Carnot, promotion bac 1978….
Paola c est Nina
Coucou Paola, c’est Othmani Soraya, te souviens tu de moi?
Bravo, vous devenez une mémoire remarquable pour le vieux Tunis particulièrement.
Merci si Moncef
Tunis a les caractéristiques d’une vraie grande ville ouverte à la modernité, bien-aimés par les Européens et surtout par les Italiens et en particulier par les Siciliens.
Bravo. Les souvenirs que vous évoquez et vos divers commentaires font partie de notre patrimoine culturel, particulièrement ceux concernant le vieux Tunis.
Bonjour Monsieur
Mon arrière grand-père avait fait l’acquisition , dans les années 1898 à 1905 environ , de la Brasserie Boucherand , à Tunis . Il s’appelait Léon Paillet . Auriez vous des renseignements ou une photo sur cette Brasserie ?En vous remerciant d’avance !
Aviez vous dans votre famille Paillet une demoiselle Paillet qui était instit dans les années 35=36 c’était la maîtresse de ma cousine qui l’adorait et qui nous a casse Les oreilles pendant des années avec sa Mlle Paillet..,
merci ammi hatem pour cette rétrospective que je n’en connaissais qu’une partie,et à laquelle je rajouterai :le strazbourg rue de yougoslavie et réputé pour sa choucroute,depuis en grande partie « faguocité »mais aussi le « richelieu » rue de corse à la hauteur de lbn rachiq avec une salle somptueuse au 1°étage, en pleine activitée jusqu’à mes dernieres années à carnot,depuis de venu un magasin à frusques hélas
Bonjour,
je m’appelle Emma Hilscher, ce sont mes arrières grands-parents qui avaient la brasserie Hilscher. Je me suis permise de vous envoyer un message sur votre compte Facebook. J’aimerais échanger avec vous pour en connaître un peu plus sur la vie de mes ancêtres dont je ne sais rien …!
Si cela vous parait envisageable, je vous en suis reconnaissante.
Très cordialement,
Emma Hilscher
Merci Si Hatem , c’est toujours un plaisir de vous lire : Il y avait aussi la brasserie Suisse qui se trouvait , si mes souvenirs sont bons , angle avenue Bourguiba , rue de Marseille …j’étais enfant , mais je me souviens qu’on y mangeait très bien !
Absolument !
Oui absolument la brasserie suisse … restaurant plus ou moins cacher à l’angle de la rue de Marseille… excellent
Une ville sans mémoire est une ville perdue dans l’espace et dans le temps … Merci Hatem pour tout ce que vous êtes entrain d’entreprendre pour Tunis et la Tunisie … Bravo pour l’effort
Bravo , Si Hatem, pour ces histoires qui font la mémoire du pays. Je relève que la France , dans tous ses aspects (culturel, éducatif, social , politique etc.)s’est très vite installé en tunisie .
Et Hungaria ?
Il est venu bien plus tard et avait d’ailleurs été créé par l’ancien maître d’hôtel du Tunisia palace, un nommé Morin.
Plutôt Morini, je pense. Je me souviens très bien, comme si c’était hier, de son épouse qui l’a relayé jusqu’à fermeture définitive au milieu des années 1980. Ce n’était pas loin du journal La Presse, au fond de la rue Ali Bach-Hamba. Le Hungaria comptait parmi les meilleures tables de Tunis.
De la promo Bac 69 à Cailloux, je n’ai connu de tous ces restaus cités à Tunis que le Hungaria. La gourmande que je suis se souvient même d’un plat que j’aimais particulièrement : un steak de filet de boeuf surmonté d’une escalope de cervelle poêlée (probablement inspiré d’un tournedos Rossini !) et parsemé d’amandes émondées passées au beurre. !
Et la Rotonde ? Au colisee
Je me souviens du restaurant NOUS DEUX rue de Marseille .On y mangeait très bien dans un joli décor
Il y avait aussi, avenue de France, un restaurant, avec une bonne table familiale, qui s’appelait « Gastone » au premier étage, vue sur …l’Avenue. Je m’en souviens avec …nostalgie!
Bonjour
Le fondateur et propriétaire était mon père, Aimé Gastone.
Né à Lyon en 1893 il est arrivé à Tunis avec ses parents l’année suivante.
Il a eu deux restaurant, le premier, appelé « Restaurant de Tunis », rue d’Italie, actuelle rue Charles De Gaulle, au niveau du marché central et le second, appelé « Grand Restaurant Gastone » que vous évoquez, au 70 Avenue Jules Ferry, actuelle Avenue Bourguiba, au premier étage d’un immeuble aujourd’hui disparu, au dessus de la « Patisserie Royale » et de « La Maison Modèle ». La cuisine était typiquement française et le restaurant avait, à ma connaissance, bonne réputation. Mon père a pris sa retraite au début des années soixante et l’établissement n’a pas tardé à fermer ses portes.
En parallèle dans les années 30, mon père a aussi géré « le Souffle du Zéphir » à la Marsa puis le « Dar Zarrouk » à Sidi Bou Saïd.
Quant au « Restaurant de Tunis » rue d’Italie, il avait été repris par mes oncles Henri et Antoine Brunet qui étaient aussi propriétaires de l’hôtel « Transatlantique » qui existe toujours et de l’hôtel « Astoria »qui lui a disparu.
Cordialement
Robert Gastone
L’hôtel-restaurant Le Souffle du Zéphyr est ensuite passé entre les main de mon arrière arrière grand-père de 1935 à 1947. Aujourd’hui c’est devenu le centre commercial Le Zéphyr!
Bonjour,
Mes parents et mes grands-parents , (famille Naracci-Pinco )qui vivaient à Tunis durant la periode des années 30 et durant la guerre, fréquentaient beaucoup le restaurant de votre père et un de nos amis, M. Armand Giannitrapani m’ en parle encore et me parle beacoup de cette belle période. Merci pour toutes ces nouvelles. Tiziana Travani
Hatem je ne vous féliciterai jamais assez pour le travail que vous faites !Bravo vous donnez une 2eme vie a ces endroits qui pour nous,les anciens sont des lieux de légende
Ma mère me parlait souvent de l’excellent « Restaurant du Japon » où son père l’emmenait déjeuner quelquefois. A l’époque aller au restaurant était non seulement le plaisir de la bonne chère mais également l’occasion de s’habiller avec élégance. Un moment de convivialité, l’occasion de sortir et rencontrer du monde. C’était une autre époque et j’avoue que je regrette beaucoup de ne pas l’avoir vécue.
Bravo pour nous rapprocher de nos souvenirs!!!Merci
Bonjour,
Y avait-il bien à cette période un restaurant-brasserie tenue par une famille Combres, s’il vous plaît ? Je n’ai pas plus d’informations, je sais juste qu’il s’agissait du père et de ses 3 fils… Je n’ai ni le nom du local, ni le nom de la rue… Merci si vous pouvez m’en dire plus…
Bonjour, je suis la fille de Jenny Hilscher.
Mon grand père et mon arrière grand père brasseurs ont fondés la brasserie à Tunis.
Bonjour, je suis la fille de Jenny Hilscher née en 1931 à Tunis. Mon grand père Francis et mon arrière grand père brasseurs ont fondés la brasserie à Tunis.
Bonjour
Mon grand-père Salvatore Barone avait un restaurant Le progrès avenue Jules Ferry en 1936-1940. Avez vous des photos ou souvenirs ?
Cher Hatem
Un grand bravo pour cette rétrospective.
Vous êtes ancien élève de carnot , moi de sadiki. Nous avons élu domicile durant les années 60 à la Rue Larbi Zarrouk ( actuelle Ibn khaldoun).
Le centre ville de Tunis était plein de restos et salles de cinéma et il y faisait très bon vivre .
Vous avez consacré un article une fois sur les anciennes salles de cinéma et cette fois-ci sur les restos.
Durant les années 70 nous faisions entre collègues du travail la tournée des restos presque 3 à 4 fois par semaine et on avait l’embarras du choix.
Les bonnes tables c’était ; Chez nous rue de Marseille,cosmos rue ibn khaldoun,Strasbourg rue de Yougoslavie, l’orient rue Ali bach hamba, le savarin rue du cinéma biarritz,
À part les bars qui servaient le rouget mange tout , les bigorneaux, les escargots….
Tout celà fait partie de l’histoire de la belle ville de Tunis qu’on a perdue par la faute des ….
Bravo encore une fois cher Hatem et au plaisir de vous relire ..