Crédit photo: Sia KAMBOU – © AFP
Cela saute aux yeux ! En période de Noël, les vitrines s’animent tout à coup et les couleurs vives de la fête s’imposent à nos regards.
Les commerces, les restaurants, les pâtissiers mettent comme un point d’honneur à décorer leurs vitrines dans des nuances où prédominent le rouge du costume du père Noël — dit Saint-Nicolas chez les Belges ou Santa Claus chez les Américains — et le vert des sapins.
Autre miracle subreptice, les bûches font une arrivée remarquée et, ne me demandez pas pourquoi, on se les arrache littéralement.
Comme un souvenir qui revit en chair en os et en pâte à crème, les atmosphères de Noël sont palpables dans nos rues commerçantes et partout dans les grandes surfaces.
Ce qui replace cette fête au coeur de notre quotidien du mois de décembre et souligne que les Tunisiens restent fondamentalement fermés aux sirènes de l’intégrisme.
Opposés à la vie, radicaux et fondamentalistes rêvent de proscrire tout ce qui ne vient pas de l’Arabie du septième siècle, sous prétexte d’un salafisme falsifié à l’aune des pétrodollars.
Pour l’heure, ils n’auront eu raison ni de la délicieuse « assida » avec laquelle nous célébrons la naissance du Prophète ni des poupées de sucre de Nabeul avec lesquelles les citoyens de la Cité des Potiers fêtent le « Ras el Aâm el-Hejri » (Nouvel An de l’Hégire), voire même des pères Noël en chocolat qui, debout dans des vitrines rutilantes, semblent narguer les barbus tristes.
Ah! ces pères Noël aux douces textures du cacao… Ils fondent dans votre bouche et craquent sous vous dents après avoir été déballés de leur enveloppe.
Depuis bientôt six décennies, je les admire en cette période de l’année et, chaque fois, ils me renvoient à la scène de l’enfance, lorsque toute la ville semblait envoûtée par Santa Claus.
De différentes tailles, ils me font penser à ces poupées russes dont l’emboîtement est magique et aussi aux crèches miniature qui les flanquent sur les rayons des vitrines.
Toute une génération n’avait d’yeux que pour ces père Noël plutôt bruns et parfois coiffés de rouge et blanc. Extraordinaire qu’ils n’aient jamais disparu et resurgissent à date fixe lorsque la fête bat son plein.
Ces figurines qu’on déguste sont ma madeleine de Noël et pour rien au monde, je ne m’en passerais. Les yeux gourmands, je les admire comme un mangeur d’idoles qui se nourrirait de totems. Je les savoure des yeux comme une promesse de saveurs intactes.
Parfois, la finition approximative des traits du père Noël ou une quelconque imperfection me font songer à la silhouette brute des poupées de Sejnane et même aux lointaines statues de l’île de Pâques.
Mais au réveil au monde, je me revois encore et toujours sur le seuil de la même pâtisserie, face au même alignement, toujours gourmand impénitent au coeur chocolat.
Avec ce même sillage d’étrennes, de joie, de chocolat et de partage qui, depuis toujours et demain encore, rythme mes 24 et 25 décembre.
Bonne fête à tous !