Crédit photo: Abdel Aziz HALI – © Copyright mangeonsbien.com
Longtemps, le « sohlobji » a régné en maître sur les nuits du Ramadan. Vendant leur « sohlob » encore fumant dans des petits bols, ces artisans modestes avaient leurs échoppes un peu partout.
De nos jours, la tradition se maintient et il est toujours possible de s’offrir un bol de « droô » dans les souks de Tunis, durant les veillées ramadanesques.
C’est le cas aussi à Nabeul avec la boutique fondée par feu Maâouia Boughzala en 1962 — située sur l’avenue Habib Thameur, à côté du Café « El Rachidia » — où chaque soir, vers 21:00, Mme Chedia Bouslah prépare dans un ustensile en forme de demi-sphère en cuivre du « sohlob » sans sucre.
À l’image du café, Chez les Boughzala, le client peut sucrer son bol selon ses goûts et l’agrémenter avec un large éventail de topping: amandes en poudre, sésames broyés, miel, halva ( » halwa chamia »), huile d’olive et « harisset louz » (une douceur à base de semoule et d’amandes).
Si le sucre et le gingembre sont gratuits, à part les amandes (la cuillère à soupe/500 millimes), tout le reste est à 300 millimes par topping. Sachons que chez les Boughzala, le bol de « sohlob » sans topping coûte seulement 0,800 dt.
Sinon, en dehors du Ramadan, le « droô » continue à être servi au petit-déjeuner dans plusieurs boutiques de la médina et du centre-ville, à l’image par exemple des Boukaouana, à la rue Mokhtar Attia.
A base de farine de sorgho, le droô est traditionnellement servi nature et saupoudré d’une pincée de gingembre que nous nommons « skanjbir ».
Durant le Ramadan, le « droô » est apprécié en tant que « shour », pour la collation nocturne tardive. Dans les familles, on le consomme parfois allongé de lait ou bien à la base de la crème nommée « bouza ».
Le « droô » est aussi consommé sous forme de gâteaux dont la texture est friable et enrichie de raisins secs. Ce sorgho sert aussi de base à une succulente « ghraiba » du nom d’une pâtisserie tunisienne ancestrale.
Pour la petite histoire, au début des années 1970, dans son échoppe de Bab Djedid, Ahmed Oueld Ebba allait révolutionner le commerce du « droô » en bouillie en ajoutant au-dessus de la crème grise, plusieurs friandises comme la « halwa chamia », les fruits secs ou le miel.
Connue sous le nom de « Djerk Ebba », cette recette sera popularisée aux quatre coins du pays et continue à avoir de nombreux adeptes. Un véritable délice!
Quant au geste du « sohlobji » lorsqu’il ajoute une pincée de gingembre dans votre bol de « droô », il demeure l’une de nos images d’Epinal à la tunisienne.
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